Les organisations péruviennes qui préparaient le sommet des peuples de Lima étaient présentes à la pré-COP sociale, début novembre au Vénézuela. Décidées à ne pas laisser passer l'opportunité de la COP de Lima, elles ont sollicité un rendez-vous avec le président - ministre de l'environnement péruvien, Manuel Pulga-Vidal Otoraola - en fin de COP afin de lui présenter un texte de positionnement des mouvements sociaux péruviens.
Le texte a été préparé au cours de la préparation de l'évènement et finalisé pendant la « Cumbre de los Pueblos » et le rendez-vous demandé a été accepté pour le jeudi 11 décembre au bureau du président de la COP. Douze organisations avaient mandaté une personne pour cette rencontre et les péruviens ont souhaité que deux français les accompagnent afin de bien signifier que ce qui serait discuté à Paris devait se préparer dès maintenant. Nous avons donc accompagné, Txetx Etcheverry et moi-même, la délégation péruvienne.
Après quelques tracasseries administratives d'accréditations, nous arrivons dans le bureau de la présidence avec air conditionné, ce qui n'était pas le cas de tous les espaces COP.
M. Pulgar-Vidal nous accueille par des félicitations tant sur l'organisation exemplaire de la Cumbre que sur la réussite de la manifestation du mercredi. Dans un premier temps, Ibis et Antolin, les deux porte-parole de la Cumbre, présentent le texte de positionnement des mouvements sociaux péruviens face au changement climatique, demandant que ce texte puisse servir de brouillon pour ce que le Pérou doit présenter à la négociation de 2015. Le président Pulgar-Vidal affirme qu'il travaille pour qu'il y ait un succès à cette COP de Lima et insiste sur la volonté du Pérou d'avoir voulu être exemplaire en matière de dialogue avec la société civile. Il continue disant que le dialogue doit se poursuivre puis nous laisse avec les deux vice-ministres de l'environnement.
La parole est ensuite donnée à chacune des personnes présentes qui reprennent, sous l'égide du texte fondateur, leur propres demandes spécifiques, en insistant sur la nécessité de poursuivre le dialogue : la Confédération Paysanne, la Fédération nationale des Femmes Paysannes, la Marche Mondiale des Femmes, l'Association Nationale des Producteurs Ecologiques, la Confédération Syndical de las Americas, la Fédération des Etudiants du Pérou, la commission jeunes du Mouvement Citoyen face au Changement Climatique, la Confédération Générale du Travail, la Fédération Nationale des Travailleurs de l'eau potable, la Fédération Nationale des Femmes Paysannes Artisanes Indigènes et sans travail. Les deux français-es présent-e-s ont également eu la parole : nous avons présenté
- l'organisation de la coalition climat 21 réunissant un large panel de la société civile en charge de la préparation de la COP 21
- ainsi que nos exigences à porter dans le débat en matière de facteurs impactant le changement climatique avec la nécessité de les prendre en compte dans les négociations.
Les deux vice-ministres ont commenté ces prises de parole, affirmant
> que la lutte contre le changement climatique était une discussion actuelle au Pérou et qu'elle allait se poursuivre (une participante insistant sur la nécessité de dégager des budgets pour être efficace)
> que le ministre de l'environnement voulait améliorer sa relation avec la société civile
> qu'ils reçoivent très favorablement les propositions énoncées dans le texte et qu'elles leur serviront pour la préparation de la COP 2015 « Considérez-nous comme des alliés »
> qu'un agenda soutenable est un chemin difficile, même si nous sommes dans le même bateau et que nous savons où nous voulons aller,
> que le changement climatique est aussi et surtout une question de justice sociale.
Dans le bus de retour, Ibis commentait que le ministère de l'environnement est en mauvaise posture dans son gouvernement et qu'il est très stratégique pour lui de s'allier à la société civile, mais il faut raison garder car on connaît les promesses des responsables politiques.
La délégation péruvienne a fait preuve d'une réelle implication dans cette volonté de vouloir que son pays pèse sur les négociations. Elle compte aussi beaucoup sur la reprise de flambeau par la coalition climat 21, et l'a exprimé très fortement lors de la cérémonie de clôture de la « Cumbre de los pueblos » au cours de laquelle le passage de relais a été matérialisé par des cadeaux de produits locaux et un hommage très touchant sollicitant la coalition française de les accueillir à Paris.
Jacqueline Balvet, Lima le 12 décembre 2014