« Ami lecteur, mon amour. Il me semble, au lendemain de la sortie du tome final du Combat ordinaire, opportun de te remercier. ».
Mais comment ça ?!?
C'est pourtant vrai. De plus près, il est évident que ce tome ne ressemble pas aux autres de la série. Déjà, le troisième, Ce qui est précieux s'achevait sur ce qui s'annonçait comme un dilemme dramatique et une situation susceptible de générer une crise majeure au sein du couple de Marco et Emilie, les deux héros.
Alors que l'on se préparait à affronter le déluge, voilà que le tome 4 débute deux ans après. Eludant complètement le problème. On se retrouve au sein d'un foyer heureux et presque équilibré.
Episode étrange. Dans lequel Marco ne fait plus de crise d'angoisse. Dans lequel il s'est réconcilié avec le vieux Mesribes sans que l'on en sache plus. Dans lequel son insupportable mère est devenue un temple de sagesse. Dans lequel le vieux Pablo de l'atelier 22 se révèle être un vieil emmerdeur sympathique. Dans lequel plane en permanence l'idée du père qui s'est enfui. Etrange volume qui s'achève dans la sérénité.
« It's better to burn out than to fade away », chantait Neil Young. Peut-être Larcenet s'est-il dit qu'il vallait mieux s'arrêter là que de faire vieillir un héros qui n'avait plus de problèmes à résoudre. Parce que le titre de la série est bien Le Combat ordinaire. Et ce combat, c'était celui de Marco contre lui-même, celui de Marco contre le monde, pour gagner le monde. Ce combat-là est gagné, « A partir de cette seconde, ce monde est à toi... », lui dit Pablo.
Ce problème étant résolu, à quoi bon continuer? et tant pis si des questions restent en suspens. Notamment une que je me garderai bien d'exposer.
Dans le même message, sur son blog, Manu Larcenet dit ceci : « Bref, lecteur mon Amour, si nos chemins devaient se séparer ici parce que mon sillon prendrait une direction à laquelle tu ne serais pas sensible, sache que je te dois pour beaucoup la liberté qui est mienne aujourd’hui. »Déjà, lors de la phase de desssin de Technique Grogro, dernier tome de la série Donjon Parade, il avait annoncé qu'il prenait moins de plaisir à dessiner les personnages et les décors du Donjon, et qu'il s'agissait du dernier volume.
Est-ce donc la BD “classique” que Manu Larcenet compte arrêter ? Il nous a, c'est vrai, déjà régalés de quelques ouvrages hors normes chez l'édition associative "Les Rêveurs". On peut citer en particulier l'incomparable On fera avec, ou le plus récent Sens de la vis réalisé avec Jean-Yves Ferri.
Les dessins en avant première de Blast qu'il diffuse sur son blog, présagent quelque chose d'encore nouveau.
Il n'empêche, c'est toujours triste de voir s'achever une série, et de devoir dire adieu à des personnages. Vous allez nous manquer tous !
Le Combat Ordinaire T.4 - Planter des Clous, Dargaud, 2008.
