Un débat au Salon de l'Education le samedi 27 novembre, en matinée.
La Ligue de l'enseignement organise chaque année le Salon de l'Education, porte de Versailles. On peut télécharger des entrées gratuites sur le site du Salon.
Le groupe de travail sur l'éducation à la culture de la paix de l'UNESCO organise le samedi 27 novembre de 10h à 12h une rencontre-débat sur le thème "L’interculturel, pour construire une culture de la paix" au Forum Condorcet.
Principaux intervenant(e)s:
Bruno Léna, Ligue de l'enseignement
Arielle Denis, Mouvement de la Paix
Katerina Stenou, UNESCO, Division des politiques culturelles et du dialogue interculturel.
Issa Asgarally, Fondation Le Clézio pour l'interculturel et la paix

Les rapports entre les cultures et la gestion des divers conflits qui peuvent en résulter sont au cœur des évolutions d’une humanité désormais mondialisée. Le dialogue interculturel est la clé de la construction d’une culture commune pour la paix.
En février 2010, Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de littérature, lance la Fondation pour l'interculturel et la paix (FIP). Toute l’œuvre de JMG Le Clézio, issu d’une famille bretonne installée au XVIII° siècle à l’Ile Maurice (siège de la Fondation), est un chant polyphonique en faveur de la diversité et de la rencontre des cultures. Par ailleurs directeur de la collection « L’Aube des peuples » chez Gallimard, ce n’est pas un hasard s’il est un des auteurs de langue française les plus traduits dans le monde. La création de la FIP, avec notamment le linguiste mauricien Issa Asgarally et l’essayiste libanais Amin Maalouf, illustre remarquablement la prise en compte de la nécessité du dialogue interculturel pour la construction d’une culture de la paix.
Les conflits sont partie intégrante de toute société. On peut dire que l’invention de la politique consiste à refuser la gestion brutale des conflits par la violence et la guerre et substituer la parole aux armes. S’il existe une culture de la guerre, il doit exister une culture de la paix. Les institutions internationales doivent en être les garantes, portées par les initiatives de la société civile, dont la FIP est un exemple. Selon la définition des Nations Unies, la culture de la paix est « un ensemble de valeurs, attitudes, comportements et modes de vie qui rejettent la violence et préviennent les conflits en s'attaquant à leurs racines par le dialogue et la négociation entre les individus, les groupes et les Etats ». Ce dialogue interculturel est aujourd’hui décisif, contre tous ceux qui diagnostiquent, ou même prônent, le choc des civilisations.
Qu’est-ce que le dialogue interculturel ?
Il repose d’abord sur un état de fait : le constat de la diversité humaine. On dénombre environ 7.000 langues utilisées actuellement. Chacune d’entre elle porte une et, parfois, plusieurs cultures. C’est le cas des grandes langues européennes, anglais, espagnol… mais aussi de l’arabe, du chinois… De plus, les cultures « diasporiques » se développent. Classiques, comme les cultures grecques, arméniennes, juives… elles sont aussi émergentes comme celles portées par les diasporas chinoises et indiennes. L’ONU estime à 200 millions le nombre de personnes en situation de diaspora. Certains experts triplent ce chiffre en tenant compte du nombre de personnes ayant adopté la nationalité du pays d’accueil. Soit 10 % de l’humanité. Enfin les cultures territoriales ont un rapport à elles-mêmes et aux autres cultures différent, appréhendant la relativité d’identités autrefois vécues comme absolues.
Le dialogue interculturel est donc une réalité, ou plutôt un ensemble de réalités très diverses, intégrant parfois, inévitablement, du conflit. Toute l’oeuvre de construction de la paix, de l’initiative locale aux engagements des instances internationales, consiste prendre acte de cet état de fait, à reconnaître la valeur intrinsèque de cette diversité, et à en faire le point d’appui d’une rencontre fructueuse pour tous. A l’opposé d’une mondialisation niveleuse des différences culturelles suscitant des réactions identitaires crispées, c’est l’éducation à la diversité du monde, sa reconnaissance, sa légitimité, qui sont les clés de relations apaisées. C’est le terme « éducation » qui s’impose ici comme décisif. On ne s’étonnera pas que se soit l’UNESCO, par sa Commission Paix, qui organise le débat sur ce thème lors du prochain Salon de l’éducation, le 27 novembre…
