Billet de blog 18 juin 2010

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Charles Conte

Chargé de mission à la Ligue de l'enseignement

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Le sport peut-il tenir ses promesses sociales ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un dossier publié par le site généraliste de la Ligue de l'enseignement.

Avec une présentation vidéo, une définition des enjeux, des points de vue, des repères, un quizz et le possibilité de réagir Dossier

Le monde du sport est un miroir grossissant des folies contemporaines, du corps artificiel animé par la course à la performance à la rage de vaincre dans un monde en proie à la compétition généralisée. Le sport moderne est né avec la révolution industrielle ; et les valeurs humanistes prônées par l’olympisme – et mises en œuvre dans le monde associatif – ne peuvent effacer l’empreinte des origines : l’imaginaire de la lutte et de la conquête, une forme d’élitisme, le culte de la force.

Aujourd’hui, on demande au sport à la fois trop et pas assez. Trop parce qu’il serait vain d’imaginer qu’il puisse échapper aux tensions qui travaillent la société contemporaine. La violence et les discriminations, le règne de l’argent, l’imaginaire du casino comme modèle de réussite, traversent un univers longtemps représenté à travers les vertus qu’il défend : le mérite, l’effort, le respect des règles.

Pas assez parce qu’on ne peut sous-estimer les avantages d’un monde organisé professionnellement, structuré, dynamisé par des politiques publiques : dans un tel monde il n’y a pas de fatalité sociale, il y a des décisions, une instruction des questions et une capacité à peser sur le réel.

Un exemple peut aider à saisir cet enjeu. On sait que les sportifs issus de l’immigration ou des DOM sont nombreux, notamment dans le haut niveau, mais en revanche un décrochage s’opère dès qu’on passe à la représentation politique ou aux carrières professionnelles. Est-ce une fatalité ? Pas du tout. Car la composition des instances et les politiques de construction des parcours professionnels offrent des possibilités remarquables pour peu qu’on essaie de se pencher sur le sujet. C’est une question de volonté politique ; ou – si l’on veut employer le vocabulaire des pères fondateurs du sport moderne – c’est une question d’exemplarité.

Plutôt que de déplorer ce qui pourrait apparaître comme un dévoiement et n’est autre qu’une rémanence, il faut en saisir les atouts. Oui, le sport contemporain porte en lui l’héritage de différents mondes qui ne sont pas tous exemplaires. Oui, il s’est laissé absorber dans la société du spectacle, dans le monde des marques et des idoles, des joueurs stars qui ont perdu tout contact avec le monde réel.

Mais ce miroir déformant de notre société, aux élites parfois grotesques, est aussi l’un des univers les plus régulés qui soient. Et il est animé par des acteurs et des organisations porteurs d’une vision du monde beaucoup plus structurante. C’est une chance à ne pas laisser passer.

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