Jean-Luc MAZET, Secrétaire général de SNCS-FSU, estime d’emblée que le mouvement engagé depuis plusieurs semaines représente une véritable lame de fond. Cela va bien au-delà d’un mouvement revendicatif habituel.
La recherche a pour mission première de développer des connaissances, de faire reculer l’ignorance. Il s’agit d’un bien public. Elle peut parallèlement s’inscrire dans une démarche assumée de satisfaction de besoins économiques et sociaux à condition que le scientifique reste maître d’œuvre dans la réalisation de cette avancée.
Dans le domaine de la création et de l’acquisition de connaissances, le chercheur doit en effet disposer d’une liberté totale. Les conditions de son succès supposent une capacité à travailler dans la durée et non sur des bases précaires et incertaines, et la possibilité de développer des échanges y compris et peut-être surtout au niveau international.
Pour la transmission des connaissances, le lien recherche/enseignement supérieur est primordial, le travail en laboratoire constituant le creuset des dispositifs.
Pour ce qui relève des transferts de la connaissance, il importe que la liaison privé/public intervienne sur un pied d’égalité.
Pour l’heure, l’esprit des réformes tentées par le pouvoir s’inscrit dans une logique libérale. En outre, celui-ci ne prend en compte ni la faiblesse de la recherche universitaire ni celle de la recherche pluridisciplinaire.
Pour nos interlocuteurs, la brique de la recherche correspond au laboratoire. Celui-ci doit garantir la liberté des chercheurs, sa capacité d’échanges. Sa production doit faire l’objet d’une évaluation la plus incontestable possible et donc contradictoire.
Parallèlement, il importe de développer les empois scientifiques en leur donnant des débouchés dans la société. L’objectif de 15 000 docteurs chaque année, semble à ce titre un minimum incontournable.
Le syndicat SNCS-FSU demande dans le même esprit un vaste plan d’intégration des CDD afin de débloquer la situation ; la précarité représente en effet un puissant facteur de tarissement de la source même de recrutement et d’attraction.
Enfin, le syndicat SNCS-FSU développe une approche prudente de la question européenne en matière de recherche. En effet, au-delà de quelques grands projets forts et structurants, absolument indispensables, il importe de cibler l’effort de recherche à l’échelon du laboratoire qui seul peut multiplier les échanges, les contacts, les colloques, principales sources de progrès scientifiques et de la connaissance. La coopération et la recherche de synergie doivent l’emporter sur toute logique bureaucratique.