Depuis ses origines en 1950, et son installation à l'Abbaye Saint-Michel de Cuxa pour l'essentiel de ses concerts, le festival de Prades a changé très peu de ses habitudes. Depuis quelques années, elle s'est adjointe une Académie, pour que quelques jeunes aspirants instrumentistes puissent bénéficier des enseignements de l'exceptionnel pool de musiciens réunis à l'occasion du festival.
Mais elle a surtout envahi le reste de la vallée du Conflent autour de Prades, devenant ainsi un festival itinérant. Chaque jour, un concert, généralement dans l'après midi, se tient dans un lieu différent de l'habitude. Ce sont généralement des églises, nombreuses dans la région, qui permettent en outre au public de découvrir les richesses patrimoniales de la vallée : l'église de Villefranche-de-Conflent, magnifique village fortifié, celle de l'Ille-sur-Têt ou d'Eus, le village le plus ensoleillé de France.
Cette année, le festival se met en quête des sommets : un concert aura même été donné à plus de 2000 mètres, non loin du sommet du Canigou, le 3 août aux alentours de 5h22, pour saluer le lever de soleil. Le 6 août, ce sera les Sept dernières paroles du Christ en croix de Joseph Haydn, dans l'église abbatiale de la superbe Abbaye Saint-Martin du Canigou — perdue entre ciel et terre, sur les pentes du même Canigou.
Pour les plus courageux, l'accès exigera une petite randonnée — 300 mètres de dénivelé au bas mot, que l'on gravit, selon sa forme, en 25 minutes ou en une heure. Pour les autres, un service de navette en 4x4 permet d'apprécier le concert sans s'être épuisé et essoufflé dans cette pente — avouons-le — assez forte. On ne voit d'abord de l'abbaye qu'un piton rocheux. Puis elle surgit de la forêt comme un oasis en plein désert.
Et l'austérité lumineuse du lieu est idéale pour l'écoute — même si le Fine Arts Quartet nous livrera un Haydn un brin trop schubertien (leur interprétation est rendue toutefois autrement émouvante par la disparition récente de leur violoncelliste, Wolfgang Laufer), et que les textes des évangiles, lus par des religieux de l'Abbaye, donnera à la performance des allures assez irritantes de messe dominicale.
Le paysage n'en reste pas moins beau, et l'expérience, musicale et humaine, restera dans les esprits. Et on espère que le Festival continuera ses propositions...
> Abbaye Saint-Martin du Canigou, le 6 août 2011
> Festival de Prades
Photos : Fine Arts Quartet : © Josep Molina
Abbaye Saint-Martin du Canigou : © Jérémie Szpirglas