(paru chez les regrettées éditions Climats, et hélas épuisé aujourd'hui)…
«En 1930, Albert Camus était le saint Pierre qui gardait les buts de l'équipe de football de l'Université d'Alger. Il s'était habitué à occuper ce poste depuis l'enfance, parce que c'était celui où l'on usait le moins ses chaussures. Fils d'une famille pauvre, Camus ne pouvait se payer le luxe de courir sur le terrain : chaque soir, sa grand-mère inspectait ses semelles et lui flanquait une rossée si elles étaient abîmées.
Pendant ses années de gardien de but, Camus apprit beaucoup de choses:
"J'ai appris que le ballon n'arrive jamais par où on croit qu'il va arriver. Cela m'a beaucoup aidé dans la vie, surtout dans les grandes villes, où les gens ne sont en général pas ce qu'on appelle droits."
Il apprit aussi à gagner sans se prendre pour Dieu et à perdre sans se trouver nul, savoirs difficiles ; il apprit à connaître quelques mystères de l'âme humaine, dans les labyrinthes de laquelle il sut pénétrer plus tard, en un périlleux voyage, tout au long de son œuvre.»
Pour fêter celui n'était alors que le jeune goal du Racing universitaire d'Alger, qui disait avoir appris son «peu de morale» grâce au football (citation longtemps instrumentalisée et détournée -en lire plus ici-), on pourra aussi revoir cet énorme reportage d'époque. Quand l'ORTF se payait le luxe d'entrecouper un compte-rendu de Racing-Monaco au Parc des Princes par quelques questions au tout juste Ballon d'or de littérature '57…
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Enfin, on se rappellera cette conclusion made in Jamel Debbouze au lendemain du coup de boule de Zidane sur Materrazzi en 2006: «Camus disait qu'il préférait sa mère à la justice... Eh bien Zizou préfère sa mère à la Coupe du monde».