JohnTerry et Fabio Capello. Photo : Eddie Keogh / Reuters
Mardi soir, la fédération anglaise de football a vigoureusement poussé Fabio Capello vers la porte de sortie, en obtenant qu’il démissionne de son poste de sélectionneur de l’équipe nationale de football. Pour mémoire, pour ceux qui ne s’intéressent au football que de loin, Capello a fait l’essentiel de sa carrière de footballeur à la Juventus de Turin, carrière qu’il a achevée au Milan A.C. de Silvio Berlusconi, c’est dire si l’éthique est le cadet de ses soucis. Sa carrière d’entraîneur lui a permis de conquérir trois titres de champion d’Italie avec toujours le Milan A.C., ainsi qu’une coupe d’Europe, puis un titre de champion d’Espagne avec le Real Madrid. Contre toute attente, en 2007, la fédération anglaise lui a proposé le poste de sélectionneur.
En 2007, Capello avait déjà 61 ans, ne parlait pas un seul mot d’anglais, et semblait préparer sa retraite. On ne sait donc pas quelle mouche a piqué les responsables anglais pour prendre une décision, qui, quatre ans plus tard, laisse la presse britannique songeuse et dubitative. Aujourd’hui, Capello ne parle toujours pas anglais. Il a dirigé les entraînements avec un interprète à ses côtés en permanence, situation cocasse et surréaliste, bien que l’on se demande toujours en écoutant attentivement les micros-gazons de fin de match des deux côtés de la Manche, quelle langue peuvent bien parler tous ces mutants. Selon le Guardian, c’est surtout le salaire annuel de 6 millions de livres sterling qui a séduit Capello, ravi de venir habiter le quartier chic de Chelsea. L’ex-sélectionneur a la réputation d’un homme cultivé, épris d’expositions et de peintures, et qui possède une collection personnelle impressionnante, faite de plusieurs Kandinsky.
En revanche, côté football, c’est le calme plat. La participation à la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud a été lamentable, alors qu’il avait été embauché pour redorer le blason du football anglais qui n’a toujours pas le moindre trophée depuis 1966. Néanmoins il a eu la chance de n’affronter aucune grève, lui. Pendant l’intense période de Noël 2011, où les clubs anglais jouent au rythme d’un match tous les trois jours, alors que leurs homologues européens sont au repos pour cause de trêve, Capello était en vacances et n’a assisté à aucun des matches qui enflamment le royaume en fin d’année civile. Donc, ses partisans, au sein de la fédération anglaise, n’étaient plus légion, face à ce dilettante très intéressé. Et, en plus, il a trouvé le moyen d’aggraver son cas de façon inattendue et révélatrice.
La fédération anglaise ayant décidé de retirer le brassard de capitaine à John Terry, pilier du Chelsea FC, en raison des insultes racistes lancées contre un défenseur de Queen’s Park Rangers, Anton Ferdinand, frère de Rio, défenseur à Man United, et en raison de la plainte déposée par la victime et son club, QPR. A l’heure où cette même fédération fait des efforts louables pour assainir les terrains de toute dérive raciste (ainsi l’Uruguayen de Liverpool, Sanchez, a été suspendu 8 matches pour avoir traité Patrice Evra, arrière-gauche de Man United, de « sale nègre » pendant tout un match), Capello a apporté son soutien à Terry en regrettant la décision de la fédération. C’est confirmé, Capello se soucie d’éthique comme de son premier maillot et semble tout à fait mûr pour continuer sa carrière au Daguestan, par exemple.