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Billet de blog 9 juin 2012

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Descendront-ils du bus ?

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Le championnat d’Europe des nations de football, plus communément appelé, Euro 2012, a commencé, hier dans les deux pays organisateurs, la Pologne et l’Ukraine. L’équipe de France entrera dans la compétition lundi contre l’Angleterre. Interrogé par un journaliste de L’Equipe, jeudi, sur les chances des footballeurs français dans cette compétition, Michel Platini, actuel président de l’UEFA, a eu recours à son habituel humour corrosif, en répondant : « On peut faire attention à eux, s’ils descendent du bus ». Avec cette petite phrase lapidaire, l’ancien capitaine et sélectionneur des Bleus a rappelé, s’il en était besoin, le pitoyable et indélébile épisode de Knysna, lors de la coupe du monde en Afrique du Sud, en 2010. Il a aussi indirectement envoyé un message codé au sélectionneur actuel, Laurent Blanc, en lui rappelant que, conformément à ses précédentes déclarations sur le sujet, jamais les « meneurs » de Knysna, entendez par là Evra, Ribéry et Malouda, n’auraient dû être réintégrés dans cette équipe.

Il convient de s’interroger sur les raisons profondes du mal. Les joueurs sont formés dans des centres de formation que l’Europe du football envie et imite. Les entraîneurs doivent passer un diplôme, le DEPF, Diplôme d’Entraîneur de Football Professionnel, pour prétendre avoir la compétence requise pour diriger une équipe. Mais quid de la compétence présumée des dirigeants du football français ? Rien, strictement rien qui puisse garantir les valeurs morales et la compétence de gestion. Apparemment il suffit d’être coopté dans le conseil d’administration d’un club, en arrivant, de préférence avec un carnet de chèques et un compte en banque bien garni, pour, en règle générale, éponger les dettes accumulées par l’incompétent prédécesseur et continuer une politique salariale aussi démente que démesurée. Certes il y a quelques exceptions, mais si rares, de clubs, tels que Nancy par exemple, ayant opté pour une fonction de président salarié, mandaté par le conseil d’administration. Mais, depuis des lustres, le football français a été la proie de petits hobereaux en mal de gloire locale ou de publicité pour leur entreprise.

Inutile de remonter aux frasques de feu Claude Bez à Bordeaux ou de l’insupportable Bernard Tapie à Marseille pour avoir des preuves concrètes que le football français est surtout, et avant tout, très malade de sa gestion. Un homme est bien seul pour lutter contre l’incompétence gestionnaire, c’est l’actuel président de la Fédération Française de Football, Noël Le Graët, qui a toujours géré impeccablement son club de Guingamp, lorsqu’il le présidait, et à qui le football français devrait songer à ériger une statue, un jour, pour avoir créé, lorsqu’il était à la tête de la LFP, Ligue du Football Professionnel, la DNCG, Direction Nationale du Contrôle de la Gestion, qui accorde aux clubs le droit de continuer ou non si les règles de gestion ont été respectées. Avant la DNCG c’était les conseils municipaux, avec l’argent public, qui épongeaient les dettes des clubs, habitude qui, hélas, n’a pas disparu partout. Donc Noël Le Graët est bien seul et peut-être devrait-il songer à instituer un diplôme de dirigeant, car le spectacle que donnent les présidents de clubs de Ligue 1 et Ligue 2 est assez désolant.

Au terme de cette saison 2011/2012, il est très difficile de départager les postulants à une éventuelle palme, car nombreux sont ceux qui peuvent prétendre grimper sur la première marche du podium. Si le président de l’Olympique Lyonnais ne peut être soupçonné de légèreté dans la gestion, bien au contraire il est plutôt exemplaire, en revanche son respect des règles de communication laisse grandement à désirer. Il ne peut envisager une défaite de son équipe sans que l’arbitrage en soit systématiquement responsable. Le voisin stéphanois est une spécificité européenne, puisqu’il est dirigé par deux présidents, qui se déchirent en coulisse. On pourrait évoquer aussi le club d’Ajaccio, dont le président a un passé et des relations qui ternissent singulièrement l’équipe. Le mieux placé pour une récompense semble être l’actuel président de l’AJ Auxerre, ami de Depardieu et de Fidel Castro (cherchez l’intrus et l’amateur de football…) qui a réussi le tour de force, en début de saison, de clamer que l’AJA visait une coupe européenne (l’AJA est désormais en Ligue 2), mais aussi, en cours de saison, de lancer aux supporters auxerrois que, s’ils n’étaient pas contents des joueurs, il convenait, chaque fois qu’ils les rencontraient dans la rue, je cite « de les bousculer pour les réveiller ». Ce personnage partage avec plusieurs de ses confrères la particularité de licencier l’entraîneur, en cours de saison, pour trouver un commode bouc émissaire. Ce fut le cas à Auxerre, à Brest, à Nice, la liste est loin d'être exhaustive.

En conclusion, avec un tel encadrement, comment les joueurs qui ont, en plus, des salaires indécents, auraient-ils un comportement approprié ? Ce serait miraculeux. Tous ceux qui aiment le football vont donc attendre ce premier match contre l’Angleterre avec curiosité, parce que cette équipe, avec deux défenseurs centraux qui échappent régulièrement et de justesse à la collision frontale, à chaque titularisation, et une attaque faite de brillantes individualités qui s’ignorent mutuellement, ne ressemble toujours pas à une équipe…

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