Comment un journal aussi réputé, sérieux et professionnel que «l'Equipe» a-t-il pu décider de titrer sa Une à partir d'un échange (non vérifiable par le lecteur) entre un joueur et son entraîneur, deux adultes sous extrême tension tant les enjeux financiers personnels et collectifs sont importants ?
L'effet sur la jeunesse, déjà assez déboussolée, est, et sera, dévastateur. Professeurs, maîtres, instituteurs et parents vous allez devoir « ramer » jusqu'au 11 juillet, fin de la Coupe du Monde de la Fifa, et bien au-delà, même si toute la jeunesse est quasiment déjà en vacances.
Les adolescents sont déjà peu enclin à parler et se parler correctement et courtoisement tant les références et modèles sont sortis du champ public depuis plusieurs années, et même à la tête de l'Etat !
Oui la presse a une responsabilité quand elle écrit ou parle. Vendre du papier à tout prix ne peut tout justifier et ne doit pas tout permettre. Au fond je m'en fous de savoir si Anelka a traité de petite bite ou d'enculé Domenech. On n'est pas a l'Académie française, au Sénat ou à l'Assemblée (où en 1998 pendant le débat sur le PACS ça avait gravement dérapé) mais on est loin du sport, de ses valeurs et de l'esprit d'équipe. Le fric a pris le pouvoir et tourne la tête de ses jeunes athlètes qui ont souvent quitté l'école très tôt. Tous les joueurs ne sont pas Vikash Dhorasoo ou Lilian Thuram.
«L'Equipe» a, et aura, désormais une grande responsabilité dans l'accélération ou la banalisation des dérapages que ce soient dans les tribunes ou dans la rue au moment ou après les matchs. Les juges auront bien du mal a condamner dorénavant ce qu'un grand journal mythique s'autorise en une.
Christophe Girard. Citoyen, élu et lecteur outré.