Stéphane Alliès avait raison de nous inciter à ne pas manquer Manchester-Barcelone, mais, il faut malheureusement constater que le match n'a pas tenu toutes ses promesses. Si le jeu a été intense et rapide, les occasions de but ont été très limitées. De plus, Ronaldo n'a pas trop plongé, Evra s'est montré efficace et incisif, les rencontres de 1998 et le carton catalan de 1994 n'ont pas été effacés. Quant au but de Scholes, si la frappe est limpide et peut faire oublier le but de Mark Hughes en 1991, il ne faut pas oublier qu'il est consécutif à un cadeau inconsidéré de Zambrotta, une passe dans l'axe, ce qui est généralement proscrit dans les écoles de football. Donc, il convient de reporter ses espoirs sur le Chelsea-Liverpool de ce soir pour cinq autres bonnes raisons :
1- Le virtuose Steven Gerrard : Tout d'abord, le meneur de jeu du F.C. Liverpool, Steven Gerrard, est un spectacle à lui seul. Il est en général partout sur le terrain. Il a une frappe pure et excellente des deux pieds. Son jeu de tête a l'efficacité britannique. Ses ouvertures sont lumineuses. Enfin il n'abandonne jamais, ce qui le rend si sympathique et populaire aux yeux des supporters de Liverpool.
2- Peter Crouch, paire de ciseaux géante : Il est, lui aussi, un spectacle à lui tout seul, mais pour d'autres raisons. Malgré ses 2,01m, il n'est pas d'une efficacité redoutable dans le jeu aérien. Il lui arrive même d'être d'une maladresse insigne. Il compense ses incroyables maladresses par une distribution du jeu fort intelligente. Cependant il n'est pas sûr d'être titulaire, puisqu'il y a un autre joyau à la pointe de l'attaque.
3- La régularité de Fernando Torres : L'ancien avant-centre de l'Atletico Madrid s'est adapté à merveille au jeu anglais et marque pratiquement un but par match. Il est rapide, efficace, et, tout comme Steven Gerrard, il ne renonce jamais, ce qui lui permet parfois de marquer des buts peu orthodoxes, mais ô combien utiles.
4- L'opposition de deux "nations" : On pourrait reprendre le titre du célèbre ouvrage de Disraeli, A Tale of Two Nations, tellement les racines sociales sont différentes. Chelsea symbolise les beaux quartiers, la gentry, le beau Londres en quelque sorte, la vie facile. Liverpool est plutôt la ville ouvrière, dure à l'ouvrage, terre d'accueil des irlandais qui ne pouvaient survivre chez eux. Et l'inimitié commence dès le plus jeune âge…
5- Le prolongement d'une querelle : On suivra, avec intérêt, le comportement de l'excellent Didier Drogba et sa relation avec son co-équipier allemand, Michael Ballack. Lors du dernier match de championnat, ce dernier a tiré un coup franc au nez et à la barbe de Drogba, prévu pour ce genre de tâches. Cet incident s'est prolongé par une discussion plutôt vive et étonnante, qui a failli tourner au vinaigre.
Pour toutes ces raisons, il valait sans doute mieux négocier le match de ce soir avec celle que les Anglais appellent notre meilleure moitié.