Billet de blog 29 janvier 2010

Matthieu Baumier

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Réédition en poche du premier roman de Jakuta Alikavazovic

Pour ce roman, Jakuta Alikavazovic a reçu la Bourse Goncourt du Premier roman.

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Pour ce roman, Jakuta Alikavazovic a reçu la Bourse Goncourt du Premier roman.

Il est vrai que ce roman surprend par le sentiment de peu d'apaisement qui émaille ses pages. Colin, jeune homme errant dans sa propre vie parisienne, a une brûlure sans fin à la main, un ami médecin et colocataire qui trafique des substances hypnotiques. De passage à l'hôpital, il retrouve comme par hasard sa meilleure amie d'enfance, celle chez laquelle il a passé une grande partie de son enfance, comme meilleur copain, comme souffre douleur quotidien aussi. Il a donc vécu avec la mère d'Estella et son amant de majordome, avec le père, écrivain, auteur d'un seul livre, roman narcissique au succès foudroyant, un best-seller. Père écrivain qui veut écrire mais ne le peut plus, tourné vers les jeunes femmes, qu'elles soient ou non baby-sitters, écrivain confronté à l'absence de l'écriture, au point de manger son livre page à page. Colin se trouve plongé de nouveau dans cette famille, après la mort du père, enfin amant d'Estella, devenant une sorte de missionnaire de la mémoire de la jeune femme. Elle veut comprendre pourquoi son père s'est tué, apprendra que Colin n'était pas si loin de la baignoire sanglante, véritable secret de ce roman, elle veut savoir ce qu'est devenu le livre que le père écrivain cherchait en lui, si ce livre existe. Dans l'œuvre en cours d'Alikavazovic, la figure de l'écrivain et de l'écriture est toujours présente, et c'est cette écriture qui tonne, apocalypse, dans le texte comme dans le fait même d'être écriture.

Jakuta Alikavazovic, Corps volatils,Points Seuil, 2010, (première édition L'Olivier, 2008), 280 pages

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