Ce jeudi 3 juillet était présenté à l’Opera du Caire, « Hassan et Marqus », interprété par deux grands acteurs Egyptiens, Omar sharif dans le rôle de l’Imam et Adel Imam dans le rôle du Prêtre copte. C’est Ramy Imam, un des fils d’Adel Imam qui a réalisé le film, tandis que l’autre fils, Mohamed Imam jour le rôle du fils du prêtre. Un duo comique qui pourtant subit les conséquences dramatiques de l’intolérance.
Bahaa Talis, auteur-réalisateur d’un programme sur le cinéma égyptien diffusé sur une chaîne privée égyptienne commente le film pour nous : « Il faut savoir qu’on est avant tout Egyptiens et pas chrétiens ou musulmans ! Les problèmes ne commencent que lorsqu’il est question de partage, tel le mariage entre les deux confessions ».
Pitch :
Le film met en scène deux hommes exclus de leurs communautés religieuses respectives à cause de minorités extrémistes. Hassan, l’Imam modéré interprété par Omar Sharif, suite aux funérailles de son frère qui était le « prince » d’un groupuscule islamiste, se voit proposer la succession par le groupe. Il refuse et sa maison est brûlée. Le Prêtre Marqus, alias Adel Imam, participe à une conférence réunissant des personnalités religieuses chrétiennes et musulmanes. Pour avoir proné la tolérance et la paix entre eux, une bombe est déposée dans sa voiture. Les deux hommes et leurs familles sont contraints de fuir. Les services secrets leur suggèrent de travestir leurs vies et de déménager afin d’être en sécurité. Ainsi, l’imam devient prêtre, son épouse ôte le voile, et le prêtre devient imam, sa femme prend le voile.
La situation dans le film donne lieu à d’innombrables scènes comiques, par exemple, Marqus dit à son fils qu’il doit maintenant aller prier à la mosquée, le fils s’évanouit, son père s’écrit « C’est vrai… ils prient cinq fois par jours ! ».
Pour Bahaa Talis, chrétiens et musulmans en Egypte rient des uns et des autres ou au pire n’évoquent rien de leurs différences. Ce sont des cas d’exception qui déclenche de la violence, des ignorants pour qui certaines choses sont un choc insurmontable. (Emeutes entre chrétiens et musulmans en Alexandrie en novembre 2007, déclenchées par un coup de poignards donné à un copte.)
Dans le film, c’est la relation amoureuse entre le fils du prêtre et la fille de l’Imam, supposés être tous deux respectivement musulman et chrétienne, qui déchaîne la violence. Georges le chrétien les dénonce à la communauté. « C’était en premier lieu le fait qu’une fille sorte avec un garçon d’une autre religion qui choque et en second lieu la dénonciation se fait dans un milieu sensible où une église et une mosquée se font face », précise B.T.
Or, les deux familles sympathisent malgré tout. Une scène du film les montre réunis devant le téléviseur, ils regardent un film égyptien des années 50’ avec Naguib El Rehany et Badiaa Khairy. Ces deux acteurs sont symboliques en Egypte. Naguib El Rehany croyait son ami Badiaa Khairy chrétien, mais un jour il va chez son ami et découvre un Coran, Naguib lui dit « Mais tu ne me l’a jamais dit ? », ce à quoi Badiaa répond « Mais tu ne me l’a jamais demandé ». Ceci résume bien les choses pour B.T, les égyptiens en général ne voit pas de problème entre les deux religions.
Pour le Père Rafic Greiche du Bureau de Presse de l’Eglise Catholique en Egypte, les enjeux de l’intolérance sont multiples : il y a une peur de perte d’identité, des tensions inter-religieuses historiques, et le fait que les coptes soient en minorité en Egypte. Les coptes se sentent sur la défensive, pourtant, « entre 2000 et 2006, seulement 5000 chrétiens se sont convertit à l’islam », ce qui est peu sur les presque 15 millions de coptes en Egypte, considère le Père Greiche.
Outre la religion et la tradition, les préoccupations économiques comptent aussi. Il faut savoir qu’une femme chrétienne peut épouser un homme musulman mais ne pourra pas en hériter d’après la loi. Ceci incite au refus des familles que leurs filles épousent des musulmans.
Un groupe sur le site Face Book a reagit, accusant l’acteur Adel Imam, musulman, d’avoir blasphémé en portant la croix dans le film. C’est signe, pour le Père Greiche, que la crise est présente, mais encore une fois le fait d’ignorants minoritaires.