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De l'Amour

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Billet de blog 1 juin 2010

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AIMER ! Un verbe si facile à prononcer. Si léger. Mais si lourd de sens dans nos sociétés insensées. Rapports tendus. L'altérité se présente comme une menace à peine voilée. Un mot vidé de sa substance par les aspirateurs urbains que sont le culte de la performance et la religion de l'apparence. Le dogme du Paraître. La dictature de l'apparat. Le quotidien est un traquenard. Sitôt mit le pied dehors, les cœurs affamés d'amour sont pris au piège. Le piège du faire semblant. Dehors, c'est un festival de costumes. Des milliers de tenues rivalisent d'élégance. Un florilège de silhouettes uniformisées. Un défilé de physionomies satinées... Aujourd'hui, la vérité est dans l'image. On est beau ou on est moche. On est attirant ou repoussant. Le reflet et les effluves sont le langage commun. On se regarde. On s'observe. Trente secondes de visu. Le premier coup d'œil est le bon...ou le mauvais. On se sent, on se renifle et plus si affinités... La comédie moderne se joue chaque jour sous nos regards résignés. Les hommes de la ville se sont bestialisés. La ville ? Élément moderne d'aliénation collective. On vit les uns à côté des autres, les uns sur les autres...mais personne ne se connaît véritablement ! Pire ! On se fait la guerre au moindre prétexte ! Quel rapport avec l'Amour ? Aimer...c'es se soucier de...être attentif à... Paradoxe moderne : des populations décident de se rassembler dans un même lieu pour mieux s'ignorer ! Réalité tacite : Ne rien laisser transparaître de son désir d'être aimé et d'aimer... Désir d'amitié. Volonté de fraterniser. Les liens se sont crispés. Le désespoir est une routine. La souffrance...un aveu d'échec. Une déclaration de faiblesse. Pourtant, les cœurs sont victime d'une famine féroce. Ils crèvent de faim. La nourriture qu'ils réclament n'est pas visible. C'est un aliment qu'on ne trouve pas dans les rayons de supermarché. Mais dans les étalages des âmes universelles... Faire le constat du manque d'amour dans nos sociétés, c'est faire le constat du divorce de soi avec soi. On ne s'aime plus. On se sent dévalorisé. Dégradé dans son intime désir de vivre heureux et en paix avec soi et les Autres. Ringard attitude. Alors, en privée, chacun s'occupe de son Enfer en catimini. En public, on salut et on sourit. On feint. Volte face. Les déceptions sont si nombreuses. Les frustrations, légions. Les trahisons, monnaies courantes. On se protège comme on peut. La confiance est le ciment de toute relation humaine durable. Le drame est ici : on n'ose plus faire confiance...on ne veut plus faire confiance...on ne sait plus faire confiance...

Alors, il faut ré-apprendre. Si tenté qu'un jour on a su. Peu importe.

AIMER est un apprentissage. Sans aucun doute. Parce que l'Amour ce n'est pas posséder l'autre - son partenaire, son ami - L'être aimé n'est pas un objet que l'on pourrait placer et déplacer à sa guise. L'erreur commune est de vouloir que l'être aimé soit à son image...conforme à ses désirs et à sa volonté. Tel un fac-similé. On croit aimer l'Autre, mais bien souvent, c'est soi-même qu'on aime à travers l'Autre. On devrait enseigner l'acte d'Aimer dès le bas âge, au même titre que les mathématiques ou le français. AIMER... Voilà la véritable révolution. Car Aimer malgré toutes les raisons que procure le quotidien de ne penser qu'à soi, d'ignorer, de mépriser, voire de haïr son prochain demande du courage et du sacrifice. Oui ! Je pars de ce postulat : le quotidien est violent psychologiquement. En aucun cas, il invite à la bienveillance. Au contraire. Notre mode de vie est pathogène et anxiogène. Il invite au repli sur soi, à l'indifférence, à la défiance, à l'individualisme. Dépressions, stress, rupture sociale et familiale, violences, injustices, crimes... Faut-il développer davantage ? Nos cœur subissent beaucoup d'agressions, le genre d'agressions qui ne laisse pas indemne et provoque des séquelles. La principale étant le désespoir. On ne croit plus en l'homme. On ne croit plus en l'Amour. On ne croit plus en rien. On ne croit plus en soi. Pour combler ce ravin affectif, on se consacre corps et âme au travail et au divertissement. On se jette volontairement de la poudre aux yeux pour ne plus voir son malheur et le désastre du monde. Pour oublier. S'oublier. C'est ce que suggèrent en substance certains érudits : « pour vivre heureux il faut vivre dans l'illusion ! ». C'est un choix en effet. C'est humain. Mais de loin, je préfère rejoindre Gandhi quand il dit que nous nous devons être le changement que nous désirons voir en ce monde ! Commencer par s'aimer soi-même envers et contre tout. Aimer ses proches. Aimer ses voisins. Aimer autrui. Dans la capacité de ses moyens émotionnels, spirituels et psychologiques. Et ainsi, l'influence de chaque être aimant et de chaque être aimé produit ses effets, de fil en aiguille. Facile à dire n'est-ce pas ! Non ! Ce qui est facile, c'est de détruire les liens sacrés qui unissent chaque être humain dans sa dignité d'homme. Ce qui est facile, c'est de se moquer de celles et de ceux qui ont décidé chaque jour que Dieu fait, de vivre selon la règle de l'Amour. C'est sûr, ce n'est pas flashions, ce n'est pas bancable !

A l'heure où l'on cherche à nous opposer les uns les autres, à diviser, à focaliser sur les différences et les défaillances...AIMER devient par conséquent un acte hautement symbolique. Politiquement incorrect. Car il est bon ton aujourd'hui d'accuser, de juger, de mépriser celles et ceux qu'une certaine volonté élitiste politico-médiatique nous demande d'accuser et de détester.

AIMER. Il ne s'agit pas d'un Amour bête et naïf. Il s'agit d'élever sa propre conscience au-delà de l'antipathie généralisée...

Majead At-Mahel

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