Billet de blog 17 juin 2008

thomas.matagne

ecov, président co-fondateur

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La réduction du pouvoir d'achat : la faute aux énergies fossiles

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans sa lettre ADEME et VOUS n°11, l’ADEME analyse l’évolution du poids du coût de l’énergie sur les revenus des ménages, en fonction du niveau de revenu, de la situation géographique. Il apparaît clairement que les énergies fossiles sont responsables d’une réduction nette et significative du pouvoir d’achat des ménages en cinq ans… et ce n’est pas fini.

Riches et pauvres : les inégalités s’accroissent

  • En 5 ans seulement (2001-2006), la part des dépenses énergétiques a augmenté de 4,7% pour les 20% des ménages les plus pauvres (appelé “quintile Q1″ dans le graphique ci-dessous), passant de 10,2 à 14,9% des dépenses totales.
  • 80% des ménages sont touchés par cette augmentation, en pourcentage. Seuls les 20% des ménages les plus riches ont vu la part de leurs dépenses énergétiques diminuer (en pourcentage… ce qui est probablement dû à une augmentation de leurs revenus plus rapide que l’augmentation de leur dépenses énergétiques).
  • Il est nécessaire de préciser que cet indice objectif (analyse de la part des dépenses) ne représente pas totalement l’effet réel d’une telle augmentation pour les plus pauvres. En effet, 1€ quand on touche le smic n’a pas la même valeur que 1€ quand on gagne 10 fois le smic… car les premiers euros gagnés permettent de payer les dépenses indispensables : se loger, se nourrir. Le surplus (quand il y en a, c’est à dire pour les plus riches) est “en plus”, et permet de faire des dépenses supplémentaires non nécessaires. Autrement dit, pour une même augmentation des dépenses énergétiques, l’effet d’appauvrissement est beaucoup plus fort pour les plus pauvres que pour les plus riches.

Urbains et ruraux

  • Les ménages habitant en zones rurales ou semi-rurales dépensent nettement plus que ceux habitant en zones urbaines denses.
  • Le graphique est explicite…

Et ce n’est pas fini…

  • Entre 1996 et 2006, l’indice des combustibles fossiles a augmenté de 4,2% en euro constant (hors inflation). Et cela, avant la brusque montée du prix du baril de pétrole que nous connaissons depuis août 2007.
  • En tenant compte de l’accroissement de l’efficacité énergétique, de l’augmentation du PIB mondial, de l’augmentation de la demande mondiale, de l’inflation mondiale (2% par an), l’ADEME estime qu’il est “envisageable que le prix des combustibles augmente à un rythme annuel proche de 3% par an en euro constant durant la prochaine décennie”. L’ADEME indique que les prix devraient ensuite “progresser de façon exponentielle“.
  • “Faute d’avoir réalisé des travaux de substitution et ou de rénovation substantiels, les ménages modestes pourraient être durement frappés par la hausse du prix des combustibles.”

Mieux vaut tard que jamais

Il est manifeste que les pouvoirs publics des pays développés n'ont pas assumé leurs responsabilités concernant le devenir énergétique mondial. Cette gestion publique scandaleuse aura des conséquences lourdes tant pour les pays développés que pour les pays en développement. Le seul moyen de s'en sortir est d'investir le plus rapidement possible, afin de réduire un minimu la période de "double peine" (effets négatifs du systèmes énergétiques fossiles et investissements). Une politique d’incitation à la rénovation urbaine et à l’introduction massive d’énergies renouvelables doit être une priorité absolue, en particulier des collectivités locales…le péril est écologique mais aussi social (donc économique).

Article extrait du blog localementdurable.com.

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