Billet de blog 29 août 2013

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C'est la solidité du lien social qui libère l'individu

Nous sommes faits de Liens© M art'INL'enfant qui prend des initiatives, qui se risque le plus à explorer le monde, ne se moque pas de la sécurité : il a la sécurité absolue que lui procure la certitude du lien avec sa figure d'attachement. Privez-le de sa base de sécurité et il ne prendra aucun risque, à moins qu'il ne se mette en danger pour attirer l'attention de la figure d'attachement défaillante et pour manifester paradoxalement son besoin de sécurité.

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Nous sommes faits de Liens© M art'IN

L'enfant qui prend des initiatives, qui se risque le plus à explorer le monde, ne se moque pas de la sécurité : il a la sécurité absolue que lui procure la certitude du lien avec sa figure d'attachement. Privez-le de sa base de sécurité et il ne prendra aucun risque, à moins qu'il ne se mette en danger pour attirer l'attention de la figure d'attachement défaillante et pour manifester paradoxalement son besoin de sécurité. On saisit, au passage, le contresens des politiques de l'emploi qui tendent à réduire les protections juridiques des salariés et des chômeurs pour les inciter à assumer des risques (la mobilité, la flexibilité, etc.). On y reviendra plus loin, mais soulignons dès à présent ce que nous enseignent la psychologie et la biologie de l'attachement. Faire peur à quelqu'un ne le rend jamais moins peureux. En revanche, lui garantir qu'en cas d'échec, d'erreur, de malchance, un autre est toujours là pour lui garantir une place parmi le siens et les moyens de repartir à l'assaut du monde, voilà le meilleur moyen de stimuler son sens de l'initiative et sa capacité à assumer les risques.

C'est la solidité du lien social qui libère l'individu, c'est la sécurité que ce lien procure qui stimule la quête d'autonomie, le sens de l'initiative et l'envie de se risquer dans l'inconnu. A condition, toutefois, que le lien soit comme un fil d'Arianne infini qui permet de toujours retrouver son chemin, m ais n'impose aucune limite au voyage. Si le lien est trop court, à peine plus long que le cordon ombilical, c'est une chaîne de prison, pas une corde de vie. Une mère qui ne supporte pas l'éloignement de son enfant ne va pas lui offrir un attachement sécurisant, mais un attachement étouffant qui limitera sa capacité à découvrir le monde et à nouer des liens avec les autres. Notre espace de liberté ne se construit donc ni dans la fusion ni dans la séparation, mais dans la relation maintenue qui permet un aller-retour permanent entre le havre de sécurité, où nous amarre le lien, et le reste du monde, où nous porte le besoin de grandir.

La biologie de l'attachement donne la clé de cet équilibre nécessaire à l'enfant. Dans la gestion de tout besoin, notre organisme sécrète des substances d'alerte (source de déplaisir) en cas de manque ou de stress, et une décharge de substances de récompense (source de plaisir) au moment de la satisfaction. Si l'organisme reste en état de manque ou de stress permanent, il sera intoxiqué par des substances dont l'action n'est saine qu'à condition d'être éphémère. Mais l'organisme encourt tout autant l'overdose quand la satisfaction du besoin n'est pas assez rapidement interrompue ; le plaisir fait alors rapidement place au dégoût, à la douleur et, dans les cas extrêmes, à la mort. Il en va de même dans la gestion du stress et des bienfaits liés à la séparation ou aux retrouvailles avec la figure d'attachement. "les dosages neurobiologiques révèlent que le simple fait de retrouvailles entraîne, chez un enfant auparavant isolé, une décharge d’opioïdes dont les circuits limbiques et la face inférieure du lobe frontal sont les récepteurs privilégiés. Une présence affective constante non seulement supprime le plaisir des retrouvailles, mais comme pour l'eau à satiété, finit pa provoquer un dégoût *.

* De chair et d'âme de Boris Cyrulnick, op.cit., p.58

Source : Jacques Généreux "L'autre société" Collection de poche  points essais essais prix 9.50 euros pages 84-85, éditions du Seuil

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