Par Guy JANVIER – Conseiller général Vanves
L'évaluation des politiques publiques est indispensable. Elle l'est à plus d'un titre. Tout d'abord, puisqu'il s'agit d'argent public, il faut veiller à ce que celui-ci ne soit pas gaspillé mais au contraire utilisé au mieux. Ensuite, il faut continuellement s'interroger sur l'efficacité des mesures prises, et cela, dans tous les domaines. Or, il ne peut y avoir d'évaluation sérieuse sans un bon appareil statistique de recueil et d'analyses de données.
Je citerai quelques exemples tirés de mes expériences professionnelle et politique.
J'ai été responsable des premiers programmes de lutte contre la pauvreté au milieu des années 1980. J'ai tenu à ce que nous élaborions chaque année un bilan de ces actions qui mobilisaient les services de l'État et de grandes associations uniquement pendant la période d'hiver. C'est au vu de ces données, glanées dans les préfectures auprès des acteurs de terrains, que nous avons décidé de mettre en œuvre le revenu minimum d'insertion. Cette mesure de lutte contre la pauvreté n'aurait pas été prise sans un minimum de travail statistique sur la population bénéficiaire de ces aides à l'époque très ponctuelles.
Un peu plus tard, je me suis occupé des questions de drogues. Il n'y a pas plus complexe que ce sujet qui touche tous les domaines de la vie en société : l'éthique bien sûr, la santé, l'ordre public, l'économie, le sous-développement...Confronté à l'absence de données fiables sur tous ces aspects du problème, j'ai été à l'origine de l'observatoire français des drogues et des toxicomanies. La création d'un tel organisme d'observation et de mesures de ce phénomène avait été préconisée à la suite d'un rapport de l'inspection générale de l'Insee que nous avions missionnée sur le sujet. La formule a été reprise dans chaque État membre de l'Union européenne et il existe un observatoire européen des drogues et des toxicomanies construit sur le même modèle.
Conseiller général des Hauts-de-Seine depuis 2004, je réclame en vain une véritable évaluation des politiques que mène ce département, un des plus riches et des plus inégalitaires de France. J'avais convaincu le président d'alors, Nicolas Sarkozy, de mettre en place un dispositif capable d'évaluer les 460 dispositifs recensés dans le budget départemental. Cet engagement figurait dans le rapport d'activités des services 2007. Il s'agissait simplement, comme je l'avais demandé, de décrire le dispositif, d'examiner les moyens financiers et humains qui lui étaient consacrés, et de vérifier si les résultats correspondaient à ceux qui avaient été prévus. Il fallait bien sûr élaborer des indicateurs à l'aide de données statistiques fiables. L'opération était ambitieuse mais juste. Quelle n'a pas été ma surprise de constater que le rapport des services de l'année suivante ne comportait plus aucune mention sur la question ! Depuis, je n'ai de cesse de réclamer des évaluations. J'en ai arraché 3 sur 460 ! Comme quoi, la journée mondiale de la statistique publique, le 20 octobre prochain, pourrait aussi se décliner dans les Hauts-de-Seine, qui plus est siège de l'Insee.