Le 27 janvier 1945, les soldats de l’armée rouge arrivaient au camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau pour y découvrir l’horreur humaine. Si le 27 janvier a été déclarée «Journée de la mémoire de l’Holocauste et de la mémoire des génocides», force est de constater que l’homme n’a pas beaucoup évolué depuis.

En ce jour du 27 janvier, des gens meurent un peu partout dans le monde pour leurs convictions, leurs opinions politiques, leur religion ou leur appartenance à une minorité. En même temps, les nationalistes et ceux qui prêchent la haine et l'exclusion remportent un vif succès auprès d’une population frustrée par les défaillances systématiques de leurs responsables politiques. Tous les ingrédients sont donc réunis pour une émergence d’un «fascisme 2.0» qui, bien entendu, ne se présente pas comme à l’époque, mais qui aujourd’hui, peut s’appuyer sur des technologies sophistiquées.
En Ukraine, les gens meurent parce qu’ils aspirent à l’appartenance à l’Europe, à plus de démocratie et de liberté ; en Syrie, le gens meurent par milliers parce que la communauté internationale s’avère incapable de s’opposer à celui qui actuellement, met le feu au monde – le président russe Vladimir Poutine qui est responsable de la mort de milliers de personnes. En Egypte, les gens meurent parce que leur rêve d'une démocratie moderne dérange à la fois les fondamentalistes et l'armée ; en Afghanistan, les gens meurent dans les attaques terroristes comme dans beaucoup de pays africains où le monde assiste également à des génocides.
Depuis la fin de la IIe Guerre Mondiale, le monde ne s’est jamais calmé, la guerre a toujours fait partie du quotidien dans les informations. Dans ce contexte, l’Allemagne et la France, font figure de «champions hypocrites». Troisième et quatrième exportateur d’armes au niveau mondial, nos deux pays fournissent le matériel nécessaire pour que ces guerres et génocides ne s’arrêtent jamais. Ce qui nous empêche pas de montrer les Etats-Unis du doigt, à cause de leur ventes d'armes à la population. Si, bien entendu, il convient de condamner l'armement de toute une population qui s'entre-tue, l'Allemagne et la France constituent l’un des moteurs qui assurent la perpétuité de ces tueries.
L’argument des emplois qu’avancent autant l’Allemagne que la France est le même argument qu’avançaient tous les exécutants du IIIe Reich en Allemagne. «Si moi, je ne le fais pas, quelqu’un d’autre le fera à ma place». Argument faible – assurant en même temps que les génocides ne cessent jamais. En Syrie, à titre d’exemple, le député allemand Jan van Aken a trouvé des exemplaires du missile franco-allemand «Milan» autant chez les forces du bourreau Bachir al-Assad que chez les insurgés. Voilà la face la plus moche de la coopération franco-allemande.
Il ne suffit plus de verser des larmes de crocodiles face aux guerres, guerres civiles et génocides que nous alimentons en outils de guerre. Nous avons d’urgence besoin d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques qui oseraient organiser ce monde de manière plus humaine, moins cynique et moins sanglante. Le 27 janvier, jour de la libération d’Auschwitz-Birkenau, devrait nous rappeler qu’il faut du courage pour s’opposer à ceux qui abusent de leur pouvoir pour s'enrichir, pour entretenir ds guerres et des tueries. Dire «oui» et regarder les catastrophes, cela ne suffit pas. Regretter publiquement que des gens se fassent tuer après avoir livré les armes qui les ont tués, cela relève du cynisme suprême.
Il faut transformer les industries de l’armement en quelque chose d’utile, il faut que l'Allemagne et la France quittent cette compétition entre marchands de la mort et ceux, qui ne pensent pas que ce soit nécessaire, devraient regarder les photos prises à Auschwitz le 27 janvier 1945. Tout en se disant qu'ils sont eux-mêmes responsables d’atrocités pareilles. Aucun emploi au monde ne justifie cela.