
Ils manifestent pour des idées xénophobes, tout en refusant une appartenance aux groupes néonazis. Mais déjà le nom de leur mouvement trahit la nature de leurs pensées.
(KL) – Mais qu’ils arrêtent de vouloir nous faire croire qu’ils n’aient rien à voir avec les idées des néonazis ! De faire semblant qu’ils soient des citoyens et citoyennes normaux qui expriment tout simplement leur raz-le-bol. Bien sûr, en Saxe (où sévit actuellement «Pegida», abréviation de «Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident»), les 2% de ressortissants étrangers et les 0,2% de musulmans doivent constituer une vraie menace «d’islamisation de l’occident»... même si statistiquement, cette menace est certainement moindre que celle de voir les xénophobes sombrer dans l'idiotie la plus absolue. Surtout en Allemagne où nous souffrons le martyr sous les musulmans... Et on retrouve chez les «Pegida» la diction de l’époque des croisades. «Islamisation de l’occident».
Quelle expression ! «Islamisation de l’occident». On dirait que Saladin se trouve avec ses troupes devant les portes de Dresde, l’épée dégagée et bien sûr, pour les Européens aux couleurs nationalistes allemandes, il est clair qu’il faille partir en croisade contre ce phénomène qui n’existe que dans les têtes malades des néonazis allemands. Et on se demande où ces gens trouvent ce genre d’idées et d’expressions.
Il est étonnant qu’un Sigmar Gabriel (SPD) et d’autres poids lourds de la politique allemande s’emploient à ne pas vouloir juger les manifestants de «Pegida». Ceux qui manifestent avec des extrémistes de l’extrême-droite et des néonazis, soutiennent implicitement leurs idées et donc ces empoisonneurs des fontaines sur leur chemin vers le centre de la société. Nous, en Allemagne, nous devrions le savoir mieux que quiconque...
Le mouvement «Pegida» est écoeurant. 15000 personnes, armées de drapeaux allemands et d’idées de l’extrême-droite, sont allés manifester lundi soir à Dresde. Tout en clamant qu’ils ne seraient que des «citoyens conservateurs en colère» qui auraient le droit de faire entendre leur raz-le-bol assez diffus. Mais cet autoétiquettage est faux. Ces 15000 personnes constituent l’engrais du fascisme, il s’agit des mêmes personnes qui regardent et qui applaudissent des jeunes surexcités aux crâne rasé qui lancent des cocktails molotov dans les centres d’accueil pour réfugiés.
«Islamisation de l’occident», cela ressemble à la réponse chrétienne à l’Etat Islamique, cela sent le fanatisme bête et méchant, qui se saoule avec son succès soudain et le terme «patriotes» dans le nom de ce groupe, montre clairement d’où ils viennent et où ils veulent aller. Personne qui manifeste avec ces gens ne peut se distancer de manière crédible des néonazis qui forment le noyau dur de ce mouvement. Le seul moyen de se distancer de ces manifestants aux couleurs des nazis, c’est de ne pas aller manifester avec eux. C’est aussi simple que ça. Un Sigmar Gabriel ne doit pas chercher à comprendre ces manifestants et chercher les bons parmi les méchants – seul le commentaire du ministre fédéral de la justice Heiko Maas est valable – il a désigné ce phénomène comme une «honte pour l’Allemagne».
La presse internationale est du même avis. C’est avec stupeur que l’Europe se rend compte que ce fond néonazi est en train de germer à nouveau en Allemagne. Ceux qui acceptent de soutenir ces néonazis, ne serait-ce qu’en allant manifester avec eux lors des manifestations «Pegida», se rendent coupables de tout ce qui pourrait suivre.
Crédit photo : Dereckson / Wikimedia Commons / PD