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Billet de blog 28 décembre 2014

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Le «Times» se trompe énormément

En désignant la chancelière allemande Angela Merkel comme «personnalité de l’année», le quotidien londonien a tout faux.

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Voilà deux menaces pour l'Europe et le monde.

En désignant la chancelière allemande Angela Merkel comme «personnalité de l’année», le quotidien londonien a tout faux.

(KL) – L’année 2014 fut terrible. Crise après crise et nous avons assisté à la reprise de la guerre froide – incroyable que le «Times» n'a trouvé mieux que de nommer Angela Merkel comme «personnalité de l'année» - comme si elle ne portait pas une grande part de responsabilité dans les crises qui secouent actuellement l'Europe et le monde.

Selon le quotidien londonien, la chancelière aurait réussi à mener une médiation entre l’Ouest et la Russie de Vladimir Poutine – sauf que la nouvelle doctrine militaire russe parle une toute autre langue. Médiation ? La Russie considère désormais la présence de l'OTAN à proximité de ses frontières comme une agression et la «Guerre Froide 2.0» a bel et bien commencé. Aussi à cause de la chancelière qui n'a guère brillé dans les dossiers ayant marqué l'année 2014.

«L’indispensable», l’a surnommé «The Times» – mais elle est indispensable à quoi, au juste ? A la destruction d'une Europe sociale et humaine ? Aux crises financières ? Aux exportations d’armes dans les zones à conflit du monde ? Au combat contre l’Etat Islamique ? Pour pacifier l’Afrique ? Elle a fait quoi, au juste, cette chancelière pour mériter un autre titre ronflant ?

«The Times» connaît la réponse : «Elle a aidé l’Ouest à se concentrer sur ses valeurs les plus importantes.» Ah bon. Heureusement que l’Ouest se soit concentré sur ses valeurs les plus importantes ? Qui sont, sans doute, le «shareholder value», le bien-être des marchés financiers, des banques et des grandes fortunes, mais certainement pas une société humaniste ou la paix dans le monde. Autrement, on a du zapper quelque chose. Nous n’avions pas réellement constaté que la chancelière Merkel aurait mené une action en faveur des valeurs qui sont celles des Européens et des Européennes.

«Voilà la femme dont nous avons besoin dans un monde des hommes dangereux», jubile «The Times». Certainement pour dégouter les British définitivement de cette Europe qu’ils souhaitent déjà majoritairement quitter. La «personnalité de l’année 2014» ? Quelle question – Edward Snowden ? Mais visiblement, The Times se trouve désormais du côté des médias fidèles au pouvoir en place. Et ce vieux quotidien, qui fut une référence, perd ainsi son standing. Etrange.

Crédit photo : Presidential Press and Information Office / www.kremlin.ru / Wikimedia Commons / CC-BY 3.0

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