«Pas d'effet Obama» sur les listes des partis pour les élections européennes selon le Conseil représentatif des associations noires qui dénonce le décalage entre discours et pratiques.
Afin de vérifier la concrétisation des grands discours sur la diversité, le CRAN a réalisé une enquête d'évaluation de la présence des minorités visibles sur les listes des partis politiques français en vue des prochaines élections européennes. Parlant de «résultats modestes», il en tire un bilan relativement négatif et appelle les partis à mettre «leurs actes en accord avec leurs principes».
Pour évaluer l'effectivité de l'engagement des partis pour la promotion politique des minorités visibles, une distinction est faite entre la présence totale de personnes issues de la diversité sur chaque liste et la position qu'elles y tiennent. Ainsi, si c'est sur les listes du MoDem, d'Europe Ecologie et du NPA qu'elles sont les plus nombreuses (8 à 10), aucune d'elles ne peut espérer être élue compte tenu de leur position sur leur liste et des résultats électoraux estimés de leur parti.
Selon le Cran, si l'UMP parle beaucoup, il fait peu : trois membres de la liste sont issus de minorités visibles, et seules deux peuvent espérer être élus le 7 juin.
C'est aux socialistes que reviendrait le titre de «premier parti français en terme de diversité au parlement européen», même si le CRAN rappelle que ses résultats restent modestes, avec quatre eurodéputés potentiels issus de la diversité.
Afin de remédier à la sous-représentation des minorités visibles dans le champ politique, le CRAN propose de conditionner le remboursement des dépenses électorales à des exigences minimales en matière de diversité et la signature par les partis d'une «Charte de la diversité en politique». Depuis 2004, il en existe une dans le domaine du travail, un texte proposé à la signature «de toute entreprise qui condamne les discriminations dans le domaine de l'emploi et décide d'œuvrer en faveur de la diversité», ce qui n'est certainement pas du luxe puisque selon la Halde, l'emploi reste le principal domaine de discrimination.
Depuis l’année 2000, une législation européenne relative à la non-discrimination a été mise en place «pour garantir une égalité de traitement contre les discriminations». Pourtant la législature actuelle ne compte que trois personnes issues de minorités visibles parmi les 78 eurodéputés français, deux d’origine maghrébine et un Antillais.