Pourquoi est-ce que je cherche encore à lire mon reflet dans ces regards-là ?
Pourquoi est-ce à travers ces yeux que j'ai tant besoin d'exister, de me sentir belle, admirée ?
Pourquoi cette peur de me faire trop remarquer qui se superpose à celle de ne pas l'être assez ?
Pourquoi est-ce que je cherche toujours à voir ma beauté dans le miroir de ceux que pourtant je trouve laids ?
Pourquoi les sifflements et les « mademoiselle » m'insultent tout autant qu'ils me flattent ?
Pourquoi est-ce que je souris encore quand je devrais balancer des claques ?
Lorsque fusent les remarques, j'entends :
« Sois belle et tais-toi. »
Que je suis encore bonne, baisable en soi.
Que je n'ai pas encore été déclassée.
Que suis encore sur le marché.
De la bonne meuf.
De celle qu'on évalue comme un bon steak de bœuf.
Alors je fume de rage,
Je bous de colère :
Ton patriarcat
J'en ai plein les ovaires ;
Et me dis pas : « calme-toi »
Quand je me sens vénère.
La beauté c'est la mienne,
Que j'ai une taille de guêpe
Ou bien celle d'une baleine.
La beauté je m'en empare :
Si tu me prends la tête
Je me lève et j'me barre.
Remballe tes « mademoiselle » ;
Il n'y a qu'à moi que j'appartienne.