C'était dans mon entreprise, quand j'avais besoin d'une compétence pour résoudre un problème ou effectuer une tâche, je cliquais sur mon écran : le profil nécessaire pour résoudre le problème s'affichait et parmi les possibilités proposées je choisissais celle qui convenait le mieux.
Alors, je valide, un message est aussitôt expédié vers le dôme-hôtel où tous les gens sont logés dans des chambre-tubes à un lit, très confortables. Celui, ou celle (bien sûr toute discrimination sexiste a disparu), qui a été choisi voit sur son écran de téléphone l'appel et les coordonnées de l'entreprise, la tâche à faire et le tarif (les salaires sont mondialisés au plus bas pour que le développement soit égal partout et la circulation des compétences, libre et non faussée).
Une heure après, au plus, l'opérateur est là, prêt à intervenir. Dès qu'il a fini, son historique professionnel est incrémenté en fonction de la qualité de son travail (efficacité, qualité et durée) et son compte en banque est crédité. Au fil des interventions son tarif peut être augmenté, mais il risque alors d'être moins sollicité, et donc certains maintiennent le tarif standard. Cette saine concurrence fait que la qualité des opérateurs s'améliore à salaire constant. Ce sont les plus qualifiés qui sont choisis en premier et rationnellement, les suivants travaillent quand les premiers sont trop occupés. Automatiquement, chacun peut savoir s'il a une chance de trouver du travail dans une branche, les manques de main-d'œuvre sont affichés en temps réel.
L'opérateur peut ensuite retourner se coucher à l'hôtel en attendant un autre appel. Dès qu'il s'installe dans son lit, un signal indique au système qu'il est disponible, mais il peut le bloquer pour quelques heures s'il veut se reposer… il risque cependant de perdre des offres intéressantes. Il a la possibilité de transférer les appels sur son téléphone mobile.
Je crois savoir qu'il y en a qui ne veulent plus être dans ce système rationnel et qui retournent vivre comme des sauvages dans les bois et dans des endroits où il y a de l'herbe et des bêtes. Ils se reproduisent, d'après ce qu'on raconte, comme des animaux. Leur vie précaire fait peur et beaucoup reviennent vivre en sécurité dans le marché libre et non faussé de l'emploi. Surtout que maintenant, le système de transport va chercher les opérateurs en capsule directement au dôme-hôtel, les amène à l'usine ou au bureau et les ramène ensuite sans aucune perte de temps (le compte de l'opérateur est débité automatiquement du déplacement) et à l'abri des intempéries extérieures.
Les architectes ne cessent d'inventer des formes nouvelles pour ranger les chambre-tubes de toutes les manières possibles, nous sommes bien loin de l'entassement en cellules d'abeille que voulaient nous construire les premiers promoteurs. Ils les placent même sous des dômes transparents où des climats artificiels sont recréés : les habitants en démocratie directe votent pour décider de la température et de l'humidité qu'ils préfèrent. Chaque dôme est plus ou moins spécialisé selon les distances d'intervention, mais cela n'a pas de véritable importance puisqu'on peut aller travailler n'importe où. Le dôme des entrepreneurs me convient très bien, pour le peu de temps que j'y passe, je travaille beaucoup dans le dôme-bureau. Les dômes pouponnières et les dômes écoles sont très organisés, mais je ne les ai pas visités car je n'ai pas encore été sélectionnée pour porter un enfant. Je ne suis pourtant plus une adolescente... mes caractéristiques génétiques ne sont peut-être plus compatibles avec les besoins prévus.
Il paraît que les dômes des hauts dirigeants sont très luxueux mais je n'ai pas eu l'occasion d'en visiter non plus, nous restons très attachés à notre dôme. J'imagine qu'ils travaillent encore plus que nous.
En tout cas, on nous affirme que tous les dômes, depuis que le climat extérieur est complètement déréglé, sont confortables. Cela n'a rien à voir avec les conditions brutales de l'extérieur auxquelles il faut sans cesse s'habituer.
La vie, la reproduction et le travail n'étaient désormais plus précaires.
p.c.c. Laurence Parisot (MEDEF)
Billet de blog 17 juillet 2012
J'ai fait un rêve ! Quel rêve !
C'était dans mon entreprise, quand j'avais besoin d'une compétence pour résoudre un problème ou effectuer une tâche, je cliquais sur mon écran : le profil nécessaire pour résoudre le problème s'affichait et parmi les possibilités proposées je choisissais celle qui convenait le mieux.
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