J’apporte les réponses suivantes à cette appréhension :
Faut-il rappeler qu’une demande d’euthanasie doit toujours être formulée et réitérée par le patient ? Pas par le corps médical. Lorsqu’un un patient souhaite vivre, les soignants font et continueront de devoir faire tout leur possible pour soulager ses souffrances.
Je ne me m’inquiète pas du risque que des soignants mettent de la pression sur des patients afin qu’ils demandent l’euthanasie. Au contraire, les soignants en France font plutôt la sourde oreille à de telles demandes quand elles sont formulées spontanément par des patients (voir mon article « Les demandes d’aide à mourir sont-elles réitérées après l’accompagnement ? »). En outre, une telle pression est contraire à la déontologie du métier, il est donc très improbable que des soignant le fassent. De plus, comment imaginer qu’un patient cède à une telle pression s’il veut vivre ? Vouloir mettre fin à sa vie est rare et n’arrive que dans des situations de souffrance vécues et ressenties comme étant insupportables et sans espoir de guérison. Surpasser la volonté innée de vivre requiert une motivation très forte, hors norme.
Certains disent qu’une motivation pour autoriser l’euthanasie et le suicide assisté, serait de réduire les besoins de financement des soins palliatifs. Premièrement, un très faible pourcentage de personnes en fin de vie choisirait l’aide active à mourir si elle était autorisée en France. Ici, je m’appuie sur le fait, qu’après 20 ans de pratique, les euthanasies représentent seulement 2,5% des décès en Belgique, et 4% des décès au Pays Bas. Ensuite, le manque de soins palliatifs en France est énorme, il est estimé que les deux tiers des patients qui devraient pouvoir en bénéficier n’y ont pas accès. La pression pour augmenter les capacités resterait donc très fort.
De plus, l’expérience belge montre clairement que le développement des soins palliatifs et la possibilité de choisir l’euthanasie vont de pair. D’ailleurs à ce jour, les soins palliatifs y sont plus développés qu’en France. En outre, une étude a révélé qu’en Flandres environ 70% des personnes qui ont choisi l’euthanasie ont bénéficié de soins palliatifs.
Je termine avec le constat que beaucoup d’appréhensions en matière de progrès sociaux sont exprimées en amont et disparaissent une fois les droits accordés. Un chiffre est rassurant : 80% de la population belge souhaite le maintien de la loi qui l’autorise après 20 ans de pratique. Et bien sûr, les 20% restant n’ont aucune obligation de faire une demande d’euthanasie.
Keith Lund
Citoyen français.
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Sources :
Belges qui souhaitent le maintien de la loi : le rapport de la CFCEE, 2020.
L’étude en Flandres :
https://www.ieb-eib.org/fr/actualite/fin-de-vie/euthanasie-et-suicide-assiste/belgique-l-euthanasie-comme-soin-palliatif-1288.html#:~:text=Les%20chercheurs%20du%20Zorg%20rond,m%C3%A9decin%20ne%20provoque%20leur%20mort.