Au sein du corps médical apparaissent deux façons fondamentalement différentes d’envisager le secours en fin de vie.
La première approche est basée sur la conviction que le patient est vulnérable et qu’il faut donc impérativement l’aider et le protéger. Si un patient souhaite mettre un terme à sa vie, les seules explications possibles sont que : soit on n’a pas pris assez soin de lui, soit d’autres lui font sentir qu’il est devenu un fardeau. Le principe ici est que si un patient est accompagné comme il se doit, il ne souhaitera plus mourir. Les soignants qui adoptent cette vision écartent tous faits contraires. Quand on leur parle de patients qui veulent mettre fin à leur vie à cause de souffrances que rien ne peut soulager, certains esquivent en citant des cas de personnes avec des souffrances similaires qui ne veulent pas mettre fin à leur vie, comme si cette attitude était la seule qui comptait ; d’autres semblent être dans le déni, ils refusent d’admettre l’existence de souffrances que rien ne peut soulager. Le piège de cette vision est qu’elle refuse qu’un patient puisse, dans son optique personnelle, avoir de bonnes raisons d’en finir. Le corps médical peut donc imposer une vie de souffrance à un individu et ce contre sa volonté, le dépossédant ainsi de son droit de vouloir mourir.
La seconde approche est fondée sur l’empathie. Elle amène le soignant à se mettre à la place du patient et à essayer de comprendre au mieux sa perspective et ce qu’il ressent réellement. Ce qui devient alors important est de comprendre quelles sont les raisons qui amènent le patient à souhaiter que le corps médical l’aide à mettre fin à sa vie, de vérifier qu’il n’a subi aucune pression, de s’assurer qu’il est au courant d’autres approches possibles. Cette façon d’envisager le secours part du principe qu’un patient peut légitiment choisir de mettre fin à sa vie, quand il s’agit de mettre fin à des souffrances incurables, vécues comme étant insupportables ; charge à l’institution d’encadrer sa décision et de l’aider à la réaliser.
Je suis convaincu qu’une vision fondée sur l’empathie est bien meilleure que la vision de surprotection qui découle de l’obsession de la vulnérabilité.
Somme tout, mettre fin aux souffrances devrait être prioritaire et prévaloir sur le maintien en vie. Quand la vie d’une personne est dominée par des souffrances qui sont pour elle insupportables, sans espoir de pouvoir les apaiser, il convient de l’aider à mettre fin à sa vie si elle le souhaite. La question qui se pose n’est donc pas de décider si on devrait autoriser ou pas l’euthanasie et le suicide assisté, mais plutôt de définir dans quelles conditions les permettre, quels moyens employer et quels contrôles mettre en place.
Keith Lund
Citoyen français.
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