Billet de blog 15 déc. 2022

Marie B.G
Abonné·e de Mediapart

La fin a été difficile

Atteint d'un cancer généralisé, mon mari a été traité à l'hôpital public à Paris, puis dans une clinique privée en région parisienne. La fin a été difficile pour lui, pour moi aussi. Sa responsabilité n'est pas facile à assumer.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mon mari atteint d'un cancer généralisé a été traité à l'hôpital public à Paris, il a été bien accueilli et accompagné par une femme médecin du service hospitalier à Bichat. Pourtant pendant ses séjours à l'hôpital, il n'a pas toujours été bien traité par le personnel soignant - sans doute débordé - et m'en a fait part en me disant que quand je n'étais pas présente les attentions à son égard n'étaient pas toujours bienveillantes.

Il était très peu enclin à se plaindre et encore moins si cela concernait une autre personne, s'interrogeant d'abord sur les motivations éventuelles de cet autre qu'il considérait dans l'altérité de ses références constituant pour lui une énigme à déchiffrer. Il avait exercé la profession d'archéologue puis d'ethnologue.

Accueilli dans une clinique privée pour les deux mois qui lui restaient finalement à vivre, mon mari s'y trouvait plutôt mieux considéré et traité par le personnel, alors que je trouvais que la chambre n'était pas suffisamment propre ni entretenue, mais qu'il s'y sente mieux était l'essentiel.

Dès son arrivée dans cette clinique de banlieue parisienne, on lui a donné un imprimé à remplir pour définir ce qu'il acceptait et ce qu'il refusait comme soins en dernier recours. C'était tout à fait bienvenu et rassurant. Il a rempli ce questionnaire en ma présence - plutôt nous l'avons rempli ensemble en fonction de ce qu'il voulait accepter comme traitement et ce qu'il refusait. C'était un moment dense et fort, calme en même temps, très important à partager.

Ensuite, il a beaucoup souffert, d'abord parce qu'il tenait à rester présent au lien à l'autre, accompagné par ses enfants, ses amis et moi aussi bien sûr. Je travaillais et n'étais pas présente tout le temps, ces relais étaient bienvenus pour moi aussi.

La fin a été difficile. J'ai dit au médecin qui le suivait qu'il souffrait trop et qu'il fallait augmenter les doses de morphine, ce qu'il a fini par faire, mais ensuite il m'a manifestement reproché d'avoir hâté sa mort quand ces doses ont fini par le plonger dans un état qui était le dernier.

C'était pourtant difficile à éviter ce bord entre souffrance trop importante, peur de la mort, et possibilité d'augmenter les doses d'anesthésiant pour faciliter le départ - inévitable - quitte à le hâter. C'est toute la difficulté et la délicatesse du moment. Sa responsabilité n'est pas facile à assumer. Les soignants devraient aussi être accompagnés !

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