Les trois quarts de la Convention s’étaient déjà positionnés en faveur de la légalisation de l’aide active à mourir. Ce week-end, les citoyens se sont confrontés à un vote sur le modèle à appliquer… qui a été annulé par suite d’un problème de comptage des voix. Cependant, “une tendance assez forte pour le suicide assisté” semble s’être dessinée, d’après Claire Thoury, la présidente de la Convention citoyenne. Plus que deux tiers des citoyens y seraient favorables.
Les citoyens ont tenté d’élire le meilleur modèle parmi les 19 qu’ils ont élaboré selon toutes les nuances dans les conditions d’application de l’aide active à mourir. Seize d’entre eux impliquent le suicide assisté. Dans certains cas, il serait seul à être légalisé, dans d’autres, il le serait avec l’euthanasie, intégrée totalement ou partiellement. Pour rappel, la différence entre suicide assisté et euthanasie se situe dans le rôle du patient, actif dans l’un et passif dans l’autre.
Les citoyens semblent vouloir prendre en compte la particularité de chaque situation, même marginale. Prenons, par exemple, le cas d’un patient paralysé qui ne serait plus en capacité d’effectuer, seul, le geste létal. La Convention réfléchit également à la question des enfants. Ils n’osent pas les imaginer effectuer cet acte, mais souhaiteraient honorer leur demande de mettre fin à leurs souffrances réfractaires et incurables. C’est dans ces situations que certains modèles associent, même partiellement, l’euthanasie au suicide assisté.
Alors pourquoi privilégier le suicide assisté, si l’euthanasie seule couvre un plus large panel de patients ? Les arguments sont divers. Pour Ernest, il faut “décharger le corps médical”, a-t-il justifié en débat, la veille du vote. Les médecins auditionnés par la Convention sont en effet nombreux à avoir exprimé ne pas vouloir être associés à une telle réforme sociale.
D’autres citoyens ont une démarche plutôt stratégique. Nathalie T. souhaite “participer à une évolution progressive de la loi, pour ne pas choquer l’opinion publique”, quitte à envisager un élargissement du cadre législatif avec plus d’expérience a posteriori. Un argument que n’a pas compris Nathalie B. : “Ce n’est pas tant un problème d’opinion publique qu’un problème d’acceptabilité de la part du parlement et du gouvernement. L’opinion publique le demande depuis longtemps”.
La prochaine et dernière session démarrera sur ce nouveau vote le 2 avril. Pour les conventionné(e)s, c’est une seconde chance pour élaborer ce point névralgique de leurs travaux.
Angèle Delbecq (journaliste)