Des dizaines de milliers de militants.
Des gens normaux, généralement en bonne santé, pas forcément très jeunes, certes, mais dans l'ensemble plutôt marrants, rien d'une secte de candidats au suicide.
Et nous n'avons pas la moindre envie d'euthanasier les vieux, les malades qui nous entourent. On voudrait au contraire qu'ils soient écoutés, dans leur désir de vivre, même abimés, comme dans leur désir d'éteindre la lumière au moment qu'ils auront choisi et que personne ne doit choisir à leur place.
J'allais oublier notre section jeunesse (- de 30 ans) qui fait chaque été son tour de France, et des badges bien rigolos qu'on s'arrache.
C'est l'ADMD, l'association pour le droit de mourir dans la dignité, 76 300 adhérents au compteur.
Depuis 37 ans, nous plaidons pour le droit à l'aide à mourir.
Déléguée départementale dans les Bouches du Rhône, je ne prétends pas parler au nom de notre association. Mais je veux dire ici les attentes, les espoirs trop souvent déçus de ces hommes et de ces femmes qui voudraient, enfin, être sûrs de ne pas se faire voler leur fin de vie du fait d'une réglementation imbécile. Nous sommes 2 300 dans ce département, à jour de leurs cotisations. Quel parti politique, quelle association peut se prévaloir d'autant de gens qui n'ont d'autre ambition de de faire avancer leurs idées ?
Nous allons tous mourir, et pour la plupart d'entre nous, fort heureusement, cela se passera plutôt bien. Malgré ses insuffisances, le système de santé de notre pays tient encore à peu près la route. Pourvu que ça dure.
Mais il y a les autres, ceux qui souffrent même drogués, ceux qui ne veulent pas sombrer pour des années dans une démence atroce, ceux qui n'ont pas envie de traîner, encore quelques mois, leur corps ravagé par la maladie.
Si j'étais sûr de pouvoir arrêter quand je veux, me disent certains qui sont bien malades, alors j'aurais le courage de continuer, et même de sourire.