Billet de blog 28 mars 2013

Reporters Transméditerranée

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« Oui, on peut parler d’exploitation ! »

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nayla Ajaltouni, coordinatrice du collectif Ethique sur l’étiquette, revient sur les violations des droits dont sont victimes les travailleurs tunisiens.

Propos recueillis par Waad Ben Mabrouk

Qu’est-ce que vous êtes venue faire au Forum ?

Nayla Ajaltouni : Je participe à l’événement pour le collectif Ethique sur l’étiquette, qui regroupe une quarantaine d’associations de solidarité internationale, des syndicats, des mouvements de consommateurs et d’éducation populaire en France.

Notre association a une vocation de mobilisation pour sensibiliser les citoyens français et européens au fait que les modes de consommation en Europe sont très dépendants des modes de production dans certains secteurs, notamment le textile. Nous demandons le respect des droits des travailleurs des produits fabriqués dans les pays étrangers. Donc je vais suivre des ateliers qui parlent des conditions de travail des ouvriers de ce secteur, notamment des femmes.

Peut-on parler d’exploitation ?

N.A. : Oui, on peut parler d’exploitation et dénoncer les nombreuses violations des droits, surtout des femmes. En Tunisie comme ailleurs, elles sont très exploitées. Elles touchent des salaires trop bas, qu’on appelle des « salaires de misère ». Entre 80 et 95% de ces femmes sont jeunes et n’ont pas eu la possibilité de faire des études. Elles ne connaissent pas leurs droits.

Combien de dinars gagnent-elles ? 

N.A. : La moitié, au moins, de ce qui leur permettrait de vivre correctement, d’envoyer leurs enfants à l’école, de se soigner, etc. Ce n’est pas suffisant pour mettre un peu d’argent de côté. Elles n’ont pas non plus de congés maternité et quand elles reviennent, leur contrat est souvent rompu.

Qu’attendez-vous du gouvernement ?

N.A. : Des grandes marques internationales, comme Carrefour ou Benetton, qui a une très mauvaise réputation en Tunisie, bénéficient de lois locales pour venir investir et produire à des prix très bas, en payant très peu d’impôt. Nous appelons donc le gouvernement à faire respecter les droits des travailleurs et à améliorer leurs conditions de travail, en faisant évoluer ces lois locales.

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