Par Johanna CLAIRET
La position de la femme en Tunisie est unique dans le monde arabe. De nombreuses Tunisiennes font de hautes études : elles représentent trois cinquième des étudiants du pays.
Beaucoup d’entre elles s’investissent au sein des associations pour « peser et ainsi mieux lutter face au pouvoir en place ! », s’exclame Neila Zoglami, secrétaire nationale de la Coordination de la justice transitionnelle à l’occasion de la marche d’ouverture du Forum social mondial.
« Nous avons des associations crédibles dans lesquelles nous nous investissons, tels que l’ATFD – Association tunisienne des femmes démocrates -, la LTDH – Ligue tunisienne des droits de l’Homme – ou encore l’UGTT – Union générale des travailleurs tunisiens – », ajoute-t-elle.
Cette société civile au féminin tente ainsi de se constituer en contre pouvoir, face à Ennahda, le parti islamique qui dirige le gouvernement. En occupant l’espace public, « nous devons montrer au gouvernement actuel que le peuple est conscient mais aussi actif », renchérit Neila Zoglami.
Afin de sensibiliser la population à la non-passivité du peuple, certaines femmes vont sur le terrain. L’association Tounissiet – Les Tunisiennes – qui regroupe de jeunes féministes, âgées de 15 à 25 ans, travaille sur la citoyenneté dans les zones rurales, notamment en sensibilisant les femmes à aller voter. Elles soutiennent et incitent également les victimes d’oppression à en parler publiquement.
Ces femmes tunisiennes se battent aussi pour préserver leurs droits obtenus à l’époque de l’ancien président Bourguiba. Elles n’hésitent pas à dénoncer l’article 28 du projet actuel de la Constitution tunisienne qui cite la femme comme étant le complément de l’homme. « Nous avons manifesté pour garder nos acquis et pour l’égalité entre l’homme et la femme, soutient Neila Zoglami. Il faut chaque jour lutter pour ne pas régresser dans notre société ! »