Billet de blog 18 décembre 2012

harmonia mundi

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Tout en douceur, António Zambujo continue à révolutionner le fado (concert parisien le 08/02/13)

Dans son nouvel album, Quinto, sa voix de velours scintille sur une musique sensuelle, dominée par les cordes des guitares, guidée par la contrebasse de son fidèle producteur Ricardo Cruz, avec ici et là des frémissements de clarinette et de « cavaquinho ».Il émane des quinze titres de Quinto une fraîcheur inédite et une lumière feutrée, des reflets de jazz cool métissé et de bossa tranquille. Plus que jamais, Zambujo s’affirme à la fois garant de la tradition et pionnier innovant, il est autant héritier d’Amália Rodrigues que de Chet Baker et João Gilberto.Il sera en concert au Festival Au Fil des Voix le 08 Février 2013

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans son nouvel album, Quinto, sa voix de velours scintille sur une musique sensuelle, dominée par les cordes des guitares, guidée par la contrebasse de son fidèle producteur Ricardo Cruz, avec ici et là des frémissements de clarinette et de « cavaquinho ».

Il émane des quinze titres de Quinto une fraîcheur inédite et une lumière feutrée, des reflets de jazz cool métissé et de bossa tranquille. Plus que jamais, Zambujo s’affirme à la fois garant de la tradition et pionnier innovant, il est autant héritier d’Amália Rodrigues que de Chet Baker et João Gilberto.

Il sera en concert au Festival Au Fil des Voix le 08 Février 2013

© universalmusicpt

António Zambujo chante le fado avec une voix d’ange. Miroitante de nuances ambrées, une voix à la beauté singulière et hospitalière, qui réunit en elle le masculin et le féminin.

António Zambujo est épris de fado. Il sait ce qu’il lui doit en émotions et vertiges. Il sait aussi l’enfermement d’un amour fusionnel. Aussi se ménage-t-il des espaces en vol libre, s’autorisant le plaisir de la digression.  

Né à Beja, dans la région de l’Alentejo, au sud du Portugal, il avait 24 ans quand Amalia Rodrigues est décédée (1999). Il raconte avoir pleuré ce jour là, écoutant en boucle un disque de la diva. Il y a un fado avant Amalia et un autre après Amalia. Elle a tout bouleversé. Et lui a donné le goût de chanter ce scintillant vague à l’âme. Jusqu’alors, il s’était surtout intéressé aux chants traditionnels de l’Alentejo, transmis par sa grand-mère et à la clarinette, apprise au conservatoire régional de Beja. Comme tout interprète de fado, Zambujo reprend parfois certains des titres immortalisés par la chanteuse. L’hommage  semble quasi inévitable. Au début de sa carrière, il a participé à un spectacle musical dans lequel il tenait le rôle du premier mari d’Amalia. 

Amalia Rodrigues est une source inépuisable d’émotions pour lui. Il en est d’autres, tout aussi jaillissantes. Il y a le fado et puis… des chemins très inspirants ailleurs. Je suis connecté à tout l’univers lusophone dit-il. La morna cap-verdienne ou le père de la bossa nova, Vinicius de Moraes (le plus grand poète de la langue portugaise) lui sont également nécessaires et le nourrissent.  J’ai tous les disques de Caetano Veloso – le meilleur chanteur du monde - , de Chico Buarque, de Tom Waits, de Chet Baker… Quand j’aime quelque chose, je suis un peu compulsif.  

L’élégant chanteur au sourire enjôleur sort aujourd’hui son cinquième album, nommé paresseusement « Quinto ». Quand d’autres se creusent la tête pour trouver un titre fort et qui fait sens, lui ne s’est pas  tracassé pour celui-là. Il s’en amuse. Enregistrés pour la plupart au Centre des Arts de Sines, lieu de naissance d’un aventurier célèbre (Vasco De Gama), mais sans public, les titres sont tous inédits, mis à part « Rua dos meus ciúmes », écrit et composé par Nelson de Barros etFrederico Valério. Les auteurs en sont des amis d’aujourd’hui, portugais ou brésiliens (Marcio Faraco, Rodrigo Maranhão). Il n’a pas eu envie d’aller trop chercher dans le passé, préférant, confie-t-il, une écriture contemporaine, en résonance avec l’époque dans laquelle il vit, sa réalité.

Aucun texte signé António Zambujo ? Je suis musicien, ironise l’humble gaillard. Je ne me sens pas la nécessité d’écrire, d’autant que d’autres le font très bien. Des plumes qui le plus souvent cisèlent des mots de désir et d’amour, doux comme une caresse, dans la voix et les murmures du chanteur. Si les garçons avaient cet art de dire, qu’est-ce que nous serions conquises ! a-t-on entendu un soir lancer une spectatrice, lors d’un récital d’António Zambujo.

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