Cela paraissait déjà évident que notre chère ministre de la Culture n'y comprenait pas grand chose à Internet. Néanmoins, bon petit soldat de notre président, poussée et soutenue par tous les majors et les grands média audiovisuels (TF1, ...), elle et ses services n'ont pas hésité à concocter une loi abracadabrante qui de plus violait tous les principes fondammentaux de notre République (on a de la chance, la royauté n'a pas encore été restaurée). Heureusement, de temps en temps, le Conseil Constitutionnel veille, comme le Parlement Européen d'ailleurs!
D'où mon interrogation. Comment se fait-il que le Parlement Européen, à plusieurs reprises, bien que dominé par la droite, ait réaffirmé la même position fondamentale que celle de notre Conseil Constitutionnel!
Peut être que les membres du Parlement Européen, institution souvent décriée ou méprisée, sont des gens qui réfléchissent au fond et s'investissent (bien sur, il y a des brebis galeuses qui n'y mettent pas les pieds sauf pour toucher le ticket de présence).
Si l'on compare avec les débats sur HADOPI aux sein de nos institutions, il me semble légitime que l'on se pose un certain nombre de questions sur l'implication de nos représentants (toutes tendances confondues) sur la compréhension des implications techniques et juridiques des lois qu'il votent.
HADOPI est passée à l'unanimité au Sénat en première lecture! Bravo messieurs.
A l'Assemblé Nationnale, une petite dizaine de députés de toutes tendances (y compris UMP!) se sont farouchement (et courageusement pour certains) opposés au projet de loi ce qui a provoqué des débats animés et semé le doute chez certains de nos représentants. Le PS, le Modem, .. ont fini par s'y opposer mais cela sentait plus l'opposition politique traditionnelle que la profondeur de la réflexion. Cela leur valu d'ailleurs un rappel à l'ordre des artistes "historiques" dit de gauche. L'affaire semblait néanmoins bouclée mais ne suscitait pas beaucoup d'entousiasme car je pense que beaucoup sentaient qu'il y avait quelque chose de pourri dans cette loi.
Résultat, lors du vote, personne (ou presque) n'est présent et un coup de Jarnac des socialistes met en minorité les rares députés de l'UMP présents. Quelle belle image de nos institutions.
Au chateau, c'est probablement la fureur, compréhensible d'ailleurs.
Et du coup, débat médiatique sur l'absentéisme / fainéantise de nos représentatnts histoire d'élargir le débat (après, tout, si l'UMP voulait à tout pris faire passer cette loi, elle n'avait qu'a être présente).
Donc, on repasse en deuxième lecture, en urgence sur l'urgence (depuis que Mr Nicolas Sarkozy est à la présidence, tout est dans l'urgence au parlement!). Sermonnage général, tout le monde à l'UMP, le doigt sur le couture .... Saluons néanmoins les mêmes lucides de l'UMP qui ont carrément voté contre ou se sont abstenus. Je fais le même hommage au petit groupe des députés de l'opposition qui ont mené une bataille sérieuse et argumentée, le reste restant dans une opposition plus politicienne que raisonnée. Néanmoins, le recours au Conseil Constitutionnel était bien argumenté et bienvenu.
Qu'en conclure : C'est désolant : Le gouvernement tente une fois de plus de piétiner des droits élémentaires (certes non affirmés explicitement dans la loi ou la constitution) mais se prend un rappel sévère du Conseil Constitutionnel (en ligne avec le Parlement Européen).
Nos représentants n'ont manifestement fait aucun effort pour comprendre et s'approprier le sujet (aux exceptions près déjà mentionnées).
S'ils votent les lois comme cela ils ne servent à rien.
La video sur Bakchich TV est assez édifiante:
http://www.bakchich.info/Hadopi-le-pire-du-pire-de-l,07562.html
D'autres atteintes à la liberté d'expression et d'information sont en préparation avec la loi LOPPSI étdition 2. On y retrouve les même prétextes fallacieux que ce que met en place la Chine avec un logiciel imposé de filtrage et d'harmonisation du net. Quand on sait ce que "harmonisation" signifie en Chine ...
Notre chère Ministre de l'Intérieur prépare sous les mêmes prétextes (pornographie ou pédo-pornographie) le filtrage d'Internet. Comme il n'est pas envisageable de communiquer les sites censurés (imaginez, donner la liste des sites pédophiles, quelle horreur!), ce sera secret. Oh ils vont bien nous inventer une nouvelle Haute Commission de filtrage.... Cependant, c'est la porte ouverte à la censure sans contrôle. Déjà dans la loi HADOPI, notre chère Ministre de la Culture avait imaginé un logiciel de flicage pouvant prouver que vous n'aviez pas téléchargé illagallement.
Complètement à côté de la plaque techniquement!
Comme je l'ai déjà dit, ces tentatives, de plus en plus illégitimes, (cf Conseil Constitutionnel, Parlement Européen, ...) ne peuvent qu'aboutir qu'à l'émergence d'une cyber-résistance comme le pratiquent déjà beaucoup de chinois. Ce ne fera que compliquer la tâche des policiers et gendarmes qui traquent le vrai crime organisé. La liberté d'expression est un droit, la liberté d'information aussi, quite à prendre le risque de tomber par inadverdance dans des endroits plus que glauques.