
3h30 du matin dans le quartier populaire de çukurcuma. Les rues sont encore calmes. Mais bientôt…Battement de tambour, chant traditionnel, le joueur de Davul commence sa tournée dans les rues du quartier. Il a une mission bien particulière : sortir du sommeil les plus gros dormeurs pour le dernier repas avant le lever du soleil.
Nous avons rencontré Sakip. Le jeune homme de 28 ans a déjà une bonne expérience dans le domaine : « je suis d’Istanbul et je joue du Davul depuis 15 ans. Mon père jouait aussi, c’est une tradition qui se transmet de père en fils. ».
Aujourd’hui, Sakip est entouré d’une bande d’amis, et ensemble, ils arpentent les rues pendant plus d’une heure, et ce chaque nuit pendant le mois sacré du Ramadan.
Ce soir, Sakip n’est pas le seul à pratiquer ce petit rituel. Tous les quartiers d’Istanbul et la majorité des villes de Turquie ont leurs joueurs de Davul. Une tradition qui remonte à l’époque de l’Empire Ottoman, où montres et réveils n’existaient pas…Les joueurs de Davul étaient là pour réveiller les gens et les prévenir qu’il était temps de prendre le dernier repas avant le chant du muezzin.
Aujourd’hui, portables et réveils électroniques obligent, de nombreuses maisons sont déjà éclairées et des curieux observent de leur fenêtre le passage de la petite bande. Les gens sont plutôt tolérants face à ce « tapage nocturne », seuls certains quartiers résidentiels sont interdits aux « Davulucu ».
Car le son du Davul, c’est d’abord un symbole du Ramadan et une tradition qu’il est important de perpétuer pour Sakip : « Pour nous, jouer du Davul pendant le Ramadan est un vrai plaisir. C’est la tradition et on y est fidèle. On le fait dans le respect et la joie. ».
Demain, Sakip reprendra son métier quotidien, il est déménageur. Et à la fin du mois, il fera la tournée des maisons pour recevoir une petite contribution de la part des habitants. Mais attention, pas question pour lui de penser à l’argent: « moi ce n’est pas l’argent qui m’intéresse, mais c’est vraiment l’esprit du Ramadan! ».
Cécile Danjou