Le 6 novembre, étudiants dans les rues stambouliotes
Une manifestation étudiante devenue rituelle. Le 6 novembre de chaque année, les étudiants des universités d’Istanbul se rassemblent pour contester la création il y a vingt-sept ans du Conseil d’Enseignement Supérieur, le Yök.
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
Une manifestation étudiante devenue rituelle. Le 6 novembre de chaque année, les étudiants des universités d’Istanbul se rassemblent pour contester la création il y a vingt-sept ans du Conseil d’Enseignement Supérieur, le Yök. Cette organisation autonome régie par la loi sur l’Enseignement supérieur du 6 novembre 1981, a pour mission de régler et coordonner les activités, les initiatives des institutions dans l’enseignement supérieur. Pour les étudiants, cet organe permet surtout de mettre les universités sous la tutelle de l’armée. C’est pourquoi à chaque date anniversaire de sa création, les étudiants se disant « socialistes », et anti-fascistes boycottent les cours pour aller crier leur volonté de voir le Yök abrogé, l’autonomie des universités accordée. Chants, parfois communistes, grandes affiches se succèdent pour réclamer une « éducation qui ne soit plus à vendre ».
Derrière la contestation du Yök, les étudiants utilisent cette manifestation du 6 novembre pour dénoncer le militarisme et l’atteinte aux libertés. Au travers du Yök, ils dénoncent d'abord une vision capitaliste de l’éducation. Pour Arzu, étudiante de cinquième année en droit, « l’éducation n’est pas bonne à partir du moment où l’on doit payer pour y avoir droit ».
"La police essaie de terroriser les manifestations"
Avec son camarade Caner, également en droit, ils manifestent chaque année depuis qu’ils sont arrivés à l’université d’Istanbul il y a cinq ans, et ce malgré la très large présence policière. Selon Caner, « la police essaie de terroriser les manifestations, éviter que le public et les étudiants se retrouvent ensemble ». Alors qu’on a pu estimer le nombre de manifestants présents sur la place Beyazit à 300, les policiers étaient pour leur part environ deux fois plus nombreux. Un dispositif considérable pour encadrer une manifestation qui a déjà pris de forts accents de violence par le passé, comme en 1996 où des affrontements entre les étudiants et les forces de l’ordre avaient conduits à l’arrestation de 600 manifestants.
En descendant dans la rue, les étudiants comme Caner veulent montrer que leur cause est plus forte que les risques de « punitions » du Yök. « Ceux qui réclament des droits démocratiques ou affichent leurs opinions politiques » risqueraient ainsi l’exclusion de l’université. Mais ce rendez-vous revêt trop d’importance aussi parce qu’il est le moyen pour les minorités de faire entendre leurs voix. Beaucoup font le signe de rattachement des kurdes, les deux doigts levés, des pancartes pour la promotion des droits aux minorités, comme la pratique légale de la langue, sont également brandies par des manifestants. Cette année, la manifestation aura duré une heure et demie, sans affrontements, la meilleure des façons sûrement pour les uns de ne pas ternir leur image, pour les autres de mieux faire passer leur message.
Cécile Danjou et Adrien Godet
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.