Quel que soit l'Etat et son mode de fonctionnement, "démocratique" ou "tyrannique", l'information, la "vérité" est potentiellement de la "dynamite" à manipuler avec un luxe de précautions, ce qui aboutit la plupart du temps, à l'occasion d'évènements graves, voire catastrophiques, à une minimisation des problèmes, quand il ne s'agit pas carrément de dissimulations et/ou de mensonges.
Le Japon ne fait pas exception à cette "règle" et un chercheur japonais (volcanologue à l'Université de Gunma), pour avoir voulu transmettre sa connaissance des faits relatifs aux suites de la catastrophe de Fukushima, est en butte aujourd'hui à des mesures de rétorsion et d'intenses "tracasseries" de la part de l'université où il travaille...
De quoi s'agit-il ?
Focus :
Yukio Hayakawa : auteur d’une carte de contamination du cesium plus précise que celle du gouvernement japonais - Yukio Hayakawa, un conférencier universitaire engagé
C’est en soutenant les victimes et futures victimes en diffusant des informations utiles, et en essayant de faire prendre conscience aux japonais de la gravité de la situation qu’il s’est fait remarquer : cet homme, c’est Yukio Hayakawa.
En effet, ce professeur de l’université de Gunma, située à quelques kilomètres au nord-ouest de Tokyo, a décidé d’aller totalement contre le courant actuel déniant les événements, et d’informer les gens par différents moyens. Volcanologue et expert en géologie à la base, il a créé quelques mois après la catastrophe de Fukushima une carte indiquant les foyers de radioactivité dans le pays. La carte en question, bien plus inquiétante que celle diffusée par le gouvernement, affiche des zones de radioactivité là où l’état n’a parfois rien signalé.
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Plus récemment, il a publié sur son Twitter une phrase dure et sans détours :
« Ne cultivez pas les champs dans la zone contaminée de Fukushima. Si vous le faites, vous empoisonnez les consommateurs. Vous êtes comme les gens qui ont essayé de tuer des citoyens avec du sarin. »
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Mais ce message n’était pas juste une provocation gratuite. Dans un pays où tout le monde évite à tout prix l’offense en s’exprimant à son prochain, en une période où le silence et la dissimulation règnent, il a compris qu’il fallait se manifester de manière directe pour faire réagir les gens. Défi réussi : il a généré un buzz allant même au-delà des frontières du Japon.
Il a permis la diffusion du danger des radiations quitte à aller à l’encontre des informations officielles, et à ses risques et périls.
L’information se propageant, certains individus scandalisés ont adressé une plainte à l’université de Gunma et il a reçu un avertissement officiel du président de son université :
« Nous sommes une université nationale soutenue par l’argent de l’état. Toutefois, les commentaires du prof. Hayakawa sur internet ont blessé la population et les fermiers de Fukushima. Il est interdit pour ses employés de salir le nom de l’université de Gunma. Nous comptons sur vous pour vous retenir sur internet. Si vous continuez ce genre de discours inapproprié, nous prendrons contre vous les mesures disciplinaires nécessaires. »
Extraits dans leur contexte et suite de l'article en cliquant ici :
http://kibo-promesse.org/2012/01/yukio-hayakawa/
Comparatif des deux cartes. A gauche, celle du professeur.