
Avant la catastrophe à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi l’année dernière, les japonais étaient plutôt favorables à l’énergie nucléaire. Vendredi Soir, plus de 10 000 manifestants se sont rassemblés devant le Bureau du Premier ministre Yoshihiko Noda dans une ultime tentative de faire capoter le redémarrage. Les activistes antinucléaires accusent le Premier ministre de prendre une décision précipitée en ignorant les inquiétudes persistantes en matière de sûreté nucléaire.
Le lendemain, Le gouvernement japonais a décidé de redémarrer les deux réacteurs éteints, alors même que la préoccupation augmente en ce qui concerne la sûreté des centrales nucléaires.
Le Premier Ministre Yoshihiko Noda a déclaré "Nous sommes déterminés à augmenter nos efforts afin de restaurer la confiance des populations en matière de réglementation et de sûreté nucléaire.", et il a réaffirmé que le redémarrage était nécessaire pour éviter de sérieuses défaillances électriques cet été et pour protéger la vie des populations au quotidien.
"Est-ce que cela reflète le sentiment des citoyens qui désirent une sortie de l’énergie nucléaire ?" se demande the Daily Tokyo Shimbun dans son éditorial de vendredi.
En fait non, cela va dans la direction opposée. 71 % des personnes qui ont répondu à un sondage du Mainichi Daily News publié le 4 juin s’opposent à un redémarrage rapide des réacteurs de la centrale nucléaire d’Ohi.
Un sondage publié la semaine dernière par the Washington-based Pew Research Center montrait que 70% des japonais interrogés veulent une réduction ou un arrêt total de l’énergie nucléaire.
Les réacteurs n’atteindront même pas leur pleine puissance avant la fin de l’été. Ils ont besoin de 6 semaines pour y parvenir et ils devraient redémarrer au cours de la semaine prochaine.
Pendant plus d’un an le Japon a réussi à produire suffisamment d’électricité tout en évitant les blackouts avec la fermeture du parc nucléaire japonais, et malgré les différentes réclamations des médias qui prévoyaient un blackout comme inévitable. Réduire la consommation électrique est devenu en quelque sorte un sport national au Japon.
Le Japon est tout à fait capable de continuer à faire face aux blackouts cet été comme l’été précédent, sans énergie nucléaire. Les responsables du gouvernement sont ennuyés, aucun blackout n’ayant eu lieu, les populations commencent à prendre conscience qu’ils pourrons stopper leur addiction à l’énergie nucléaire, quelque chose qui auparavant aurait été considéré comme un rêve impossible.
Noda est "sous l’intense pression politique des banques et des industriels" qui veulent voir redémarrer les réacteurs, déclare Andrew Dewit, un professeur à l’université Rikkyo de Tokyo, spécialiste en politiques énergétiques. "Ils veulent voir la remise en service de leurs sources de revenu."
Lors de la conférence de presse de samedi le Ministre de l’économie, du commerce et de l’industrie, Yukio Edano, a reconnu que "Nous comprenons que nous n’avons pas obtenu toute la compréhension nécessaire de la nation", et il a aussi admis que le système actuel de réglementation nucléaire n’a pas fonctionné. "Il est difficile d’obtenir de l’aide de la part de la Comission de Sûreté Nucléaire" a t-il ajouté.

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Un groupe de responsables locaux proteste contre la décision prise par le gouvernement de redémarrer une centrale nucléaire. Le groupe des 73 maires en exercice ou à la retraite a tenu une conférence d’information le dimanche afin de protester contre le projet de remettre la centrale nucléaire d’Ohi en activité. Le groupe a pour projet d’envoyer une lettre au Premier ministre Yoshihiko Noda lundi.
Le Secrétaire Général du groupe, Kimiko Uehara, a lu une déclaration accusant le gouvernement d’éviter les mesures nécessaires afin d’assurer la sûreté de nucléaire. La déclaration critiquait aussi la décision de redémarrer la centrale d’Ohi selon des standards de sûreté bâclés et avant même d’avoir mis en place un nouveau gendarme du secteur nucléaire.
Le maire du village de Tokai, Préfecture d’Ibaraki, Tatsuya Murakami*, a déclaré que le gouvernement avait décidé le redémarrage, malgré des tests de sécurité insuffisants, avec le seul consentement des communautés locales. Il a exprimé sa déception et sa colère, disant qu’il était furieux de cette décision, rajoutant qu’il a renouvelé son engagement de voir un jour la centrale nucléaire disparaître du paysage de son village.
De récents reportages japonais affirment que le réacteur n°3 de la centrale nucléaire d’Ikata de Shikoku Electric Power Co. est pressenti pour être le prochain candidat au redémarrage d’un nouveau réacteur.Tokihiro Nakamura, gouverneur de la Préfecture d’Ehime, a commencé à insister sur l’importance d’un redémarrage du réacteur n°3 de la centrale nucléaire d’Itaka.
Pendant ce temps, davantage de débris provenant du Tsunami se sont échouées sur les côtes américaines.
Le 18juin 2012
Note : *voir le précédent billet.
Source: The JiJi Press, NHK , The JiJi Press , The Yomiuri, Business Week , LA Times
Source : enformable.com.
http://enformable.com/2012/06/japanese-government-ready-to-move-past-public-concern-after-decision-to-restart-idled-nuclear-reactors/