Difficile après une pause estivale réussie –soleil provençal, amis, famille, lecture(Proust) –de rentrer. J’avais rêvé, comme chaque année, de retrouver un monde où les échanges se multiplient, s’apaisent et s’approfondissent, où une volonté commune de construire une sortie du « tout marchand » se dessine. Raté.
Ne parlons pas de la poursuite des « réformes » de la droite. Aucune surprise, si ce n’est l’absence de prise en compte des expériences des pays nous ayant précédé dans cette voie et des impasses dans lesquelles ils se sont engagés. Classique, les politiques n’étant plus que des gestionnaires incapables d’accepter l’incertitude des affaires humaines (comme diraient Hannah Arendt ou François Jullien) et de comprendre ce qu’est l’action dans un monde complexe (comme l’écrit depuis si longtemps Edgar Morin) .
Ce qui me frappe et me désole, c’est la persistance de la violence et de la stérilité des échanges entre personnes partageant un même ( ?) rejet de notre monde actuel. Après Ségolène Royal, c’est Siné qui sert à son tour de bouc émissaire. Même un abonné de Mediapart est pris à parti par un billet nominatif.
J’ai donc un travail de deuil à faire. Travail déjà avancé puisque ce que je ressens c’est de la tristesse. Les phases de déni, colère, marchandage sont franchies et l’acceptation n’est pas loin.
Et si, c’était ce même travail de deuil auquel étaient confrontés toux ceux qui ont cru au Grand soir, ou à « Changer la vie » ? Mais le deuil de « quoi » précisément ? Je réalise aujourd’hui qu’à travers la lecture d’Hannah Arendt, et même de Proust, c’est à cette question que j’essaie de trouver une réponse.
L’article Charlie Hebdo : la vérité des faits contre la folie des opinions et la réponse faite par Edwy Plenel à un de mes commentaires m’ont fait me plonger dans la lecture approfondie d’un des livres essentiels d’Arendt, Between Past and Futur (Entre passé et futur), publié en français sous le titre La crise de la culture (folioessais n° 113). Des éléments de réponse à ma question (le deuil de quoi précisément ?) semblent s’y trouver. J’y reviendrai.