Lionel Degouy

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L'utopie

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Billet de blog 31 juillet 2008

Lionel Degouy

Essayiste et pamphlétaire, glandouïste convaincu

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Service public.

Lionel Degouy

Essayiste et pamphlétaire, glandouïste convaincu

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le démantèlement des services publics reste sans aucun doute, malgré tout, l’un des points les plus notoirement idéologiques de la politique du gouvernement Fillon. J’entends que rien ne vient justifier cette politique, autre que l’idéologie.

A l’heure où l’isolement des plus affaiblis se fait de plus en plus lourd de conséquences, à l’heure où, des plus jeunes aux plus âgés, l’on constate un besoin de présence de plus en plus indispensable, il en est pour qui cela n’apparaît pas comme une évidence. Les lycées, les écoles, se vident de surveillants. On les remplace par de vulgaires caméras. Dans le même temps, les maisons de retraite manquent cruellement de personnel. Il s’agit bel et bien d’une imposture. Imposture du même ordre que celle qui consiste à faire porter le chapeau de nos déboires à des enfants de dix ans, par exemple – voir les dernières lois sur la délinquance des mineurs – alors que les adultes ne font preuve d’aucune dignité, alors que les adultes parlent de diminution d’impôts, qui plus est, sur la fortune. C’est ainsi qu’on veut détruire, tout autant que le tissus associatif, la fonction publique.

La Poste, par exemple, est le second employeur de France après l’état. Elle dispose tout autant d’un réseau irremplaçable de 12 000 bureaux – facteur incontestable de lien social, s’il est vraie que les bureaux de tabac le sont aussi – que d’un service financier efficace où il est possible notamment d’emprunter pour l’achat d’un logement sans avoir préalablement épargné – formule que l’on essaye de nous faire passer pour innovante alors même que cette pratique est un service rendu depuis déjà fort longtemps. La Poste constitue un service essentiel de proximité, mais aussi de solidarité, le postier ayant été durant des dizaines d’années le seul lien institutionnel existant pour les plus isolés. C’est aussi la banque des Rmistes, des interdits bancaires, de ceux que l’on ne veut pas voir ailleurs. Oui, bien que la poste soit absolument rentable, elle effectue, par un système de mutualisation des activités diverses qu’elle offre, une salvatrice rupture avec la notion de rentabilité. Et peut ainsi rester paradoxalement compétitive sur le prix du timbre, par exemple. Exactement l’inverse de ce que souhaite le gouvernement, qui par un éclatement des activités – d’un côté le service postal, de l’autre un service financier bien distinct – ne permet plus la mutualisation, et donc ni la solidarité, ni la compétitivité. Cet exemple montre à quel point nous sommes, une foi de plus, en face d’idéologues notoires. Une autre idéologie – la nôtre – consisterait à dire que toute fonction publique ne doit pas être immédiatement rentable mais offrir à l’ensemble de la nation une forme stable de services qui, à terme, s’averre seule capable, entre autres choses, de maintenir un semblant de cohésion sociale.

Certains ont la critique facile mais se trompent d’ennemi. Car ceux d’entre nous qui voyage savent que les trains, chez nous, arrivent à l’heure – oui – et que le courrier ne se perd pas – non. Les hôpitaux sont à la pointe de la technologie – nos amis anglais les visitent régulièrement.

On n’a plus peur de cette gigantesque imposture qui se déroule pas dans l’indifférence générale. De moins en moins, tout de même. Les actions citoyennes se multiplent. Les fonctionnaires, fort heureusement, de leur côté, ne manque ni d’imagination, ni d’énergie, pour que leur combat soit connu et compris de la population. Pour que l’on sache que c’est aussi pour nous qu’ils se battent.

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