L'intitulé de l'édition explique ce premier article. Pour être rédacteur ici, il faut faire un billet critique de ses dix dernières lectures.... Voila donc les dix derniers livres que j'ai lus. Je ne les ai pas tous aimé. Mais la règle est la règle.
Merci à Emmanuelle d'avoir si vite rejoint l'édition ! Nous aurons donc prochainement un billet de sa part du même acabit !
N'hésitez pas à la rejoindre !
Deux livres de Chang-rae Lee
Langue natale
Le ciel de Long Island
Américain d´origine Coréenne, Chang-rae Lee a écrit plusieurs livres. Fils d´un psychiatre Coréen du Nord, réfugié à Séoul, Chang-rae Lee a trois ans, en 1968, quand sa famille immigre aux Etats-Unis. En 1995, il publie Langue natale (native speaker). Chang-rae Lee a commencé sa vie professionnelle en tant qu´analyste financier à Wall Street après avoir étudié à l´Université de Yale. Sa vocation d´écrivain ne se révèle qu´à la mort de sa mère. Il s´installe alors en Oregon où il participe à des ateliers d´écriture. Et surtout il rencontre son mentor, le poète Garrett Hongo.
L’Histoire :
Le ciel de Long Island est un livre assez drôle mais aussi grave. Il narre les malheurs et petits plaisirs d’une famille italo-asiatique aux Etats-Unis. Jerry Battle vole dans un petit coucou pour oublier la terre (Daisy, sa femme née en Orient, est morte noyée au fond d'une piscine, Rita, sa maîtresse, l'a méchamment plaqué). Sa fille Theresa est gravement malade, et son vieux père est en train de perdre la boule dans une maison de retraite. En vrac, il y a aussi un écrivain coréen raté, son fils au bord de la faillite et son épouse bobo.
Quand on a écrit cela, on n’a rien écrit, car cette histoire contée du point de vue d’un seul semble si réelle que parfois, on a l’impression de faire partie de cette dingue famille. Et Jerry de s’interroger sur son ancienne nécessité de voyager et de voler :
« (..) j’aime encore contempler d’en haut ma Long Island, les eaux chatoyantes qui l’entourent, les minuscules maisons, les voitures, les millions de gens que je ne peux pas discerner, et m’émerveiller de cette sensation intime, comme si une partie de moi n’était jamais sur terre. Peut-être est-ce l’affreux drame secret de ceux d’entre nous qui vivent trop à l’aise dans des quartiers trop protégés, peut-être est-ce la raison pour laquelle nous désirons sans cesse décoller, atterrir et redécoller, parce que, au fil des ans, les proximités quotidiennes (de votre compagne, de vos enfants, de vos collègues), réduisent les déplacement à des riens sans saveur au lieu de vous donner la force de bondir encore plus loin,comme ce devrait être le cas. C’est pourquoi le fantasme récurrent de ma vie (et peut-être le votre) est un voyage ininterrompu, un saut continuel d’un point à un autre, le plaisir ne résident pas dans l’attrait de la destination mais dans le caractère sériel des arrivées et des départs, la conscience rassurante que vous ne serez jamais lié à un endroit pour en partager les problèmes, ce qui vous permet de déborder de tolérance béate et d’amour pour l’humanité entière ».
J’ai aimé ce livre. Pour ce qu’il a su m’entraîner dans un tourbillon de personnages et il est difficile de ne pas s’attacher à Jerry, à vrai dire !
L’autre livre Langue natale révèle un autre personnage attachant.Cela semble une caractéristique de cet auteur. Il aime vous faire aimer ses personnages. Fils d’un émigré coréen, Henry Park mène une double vie, il travaille pour un candidat à la mairie de New York, d'origine coréenne comme lui et il espionne sa communauté pour une société privée. Il a épousé Lelia, une orthophoniste, américaine de souche, et mène avec elle une vie heureuse. Mais un grave accident vient tout bouleverser.
Encore un roman sur le deuil, me suis-je dit en commençant le livre… mais en fait, j’ai apprécié de découvrir via Henry le choc des cultures(l’ancestrale coréenne etla moderne américaine).Henry se cherche…. Son identité est en construction. J’avoue que j’ai préféré le premier, sûrement parce que la question du deuil m’ennuie ces derniers temps !Mais c’est un bon livre, sans nul doute, sobre, brillamment écrit qui sait vous entraîner dans le complot ourdi contre l’homme politique que Henri trahit, et qui, pouratnt, a la même origine que lui.
Deux livres de Irène Nemirovsky,
Le maître des âmes
Chaleur de sang
Quatrième et cinquième livres que le lis d’ Irène. Je l’apprécie tellement qu’elle fait partie de ces écrivains que j’aime appeler par leur prénom ! Pour ceux qui ne la connaissent pas encore : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ir%C3%A8ne_N%C3%A9mirovsky et http://www.irenenemirovsky.guillaumedelaby.com/
Le maître des âmes
Nice 1920. Dario est un jeune médecin juif marié à Clara et ils ont un bébé, Daniel. Malgré ses diplômes il reste perçu comme un étranger et ne parvient pas à s'imposer. Sans argent, il accepte de pratiquer un avortement clandestin sur la maîtresse du fils de sa logeuse. Puis il devient psychanalyste à la mode, sorte de charlatan.
Comme toujours les portraits sont puissants, acides, cruels et réalistes. On est partagé avec ces personnages, on les plaint mais on les méprise aussi. On découvre cette espèce dehaute société sans pitié qui porte une sacré dose de haine raciale, d’envie d’argent. Cela fait un peu penser à Balzac quand elle décortique les personnages.
Chaleur de sang
1930, Silvio revient dans la région centre où il est né. Des cousins viennent le voir, et un drame arrive. « Où les jeunes revivent ce que les vieux ont vécu » pourrait être un autre titre, moins beau. C’est court, claire, efficace, et superbement écrit, fluide…
Silvio s’interrogeant sur sa fougueuse jeunesse « Comment s’allume en nous ce feu ? Il dévore tout en quelques mois, en quelques années, en quelques heures, parfois, puis s’éteint. Après, vous pouvez dénombrer ses ravages. Vous vous trouvez lié à une femme que vous n’aimez plus, ou, comme moi, vous êtes ruiné, ou né pour être épicier, vous avez voulu vous faire peintre à Paris et vous finissez vos jours à l’hôpital. Qui n’a pas eu sa vie étrangement déformée et courbée par ce feu dans un sens contraire à sa nature profonde ? Si bien que nous sommes tous plus ou moins semblables à ces branches qui brûlent dans ma cheminée et que les flammes tordent comme elles veulent ; j’ai sans doute tort de généraliser ; il y a des gens, qui à vingt ans, sont parfaitement sages, mais je préfère ma folie passée à leur sagesse. »
Deux livres de Thierry Jonquet :
Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte
http://thierry.jonquet.free.fr/biographie.php
C’est ce qu’écrit l’auteur sur la page de son site, « J'écris des romans noirs. Des intrigues où la haine, le désespoir se taillent la part du lion et n'en finissent plus de broyer de pauvres personnages auxquels je n'accorde aucune chance de salut. Chacun s'amuse comme il peut. » et c’est très vrai !
Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte
Le livre commence par le monologue d’un enfant fou et s’achève surmartyr d’un enfant torturé par deux autres enfants. Tout est deshumanisation dans ce roman. Mais tout n’est pas pessimisme. On assiste à une autopsie barbare qui montre comment a disparu le lien social, à un enfant mutilé symbole d’une banlieue mutilée ? Ou pour survivre, il faut être dur comme Anne, la jeune prof qui se venge en faisant crisser sa craie sur le tableau noir !Certes c’est caricatural à l’excès car la banlieue n’est pas seulement ce qu’en montre Jonquet. Mais est ce un roman policier, le roman policierdoit dévoiler des aspects qu’une société tend à occulter si tant est qu’aujourd’hui elle occulte ses banlieues.
Noir, noir, et désagréable. Mais ce fut une expérience de lire ce livre et son suivant qui ne m’a pas autant intéressée, pourtant.
Mon vieuxCe doit être le sujet, et le peu d’épaisseur des personnages, peut-être. Ce SDF et cette bande de SDF, ce scénariste qui se sacrifie pour sa fille, ce père qui réapparaît dont personne ne veut, la canicule… non, vraiment, Mon vieux ne me laisse pas de trace indélébile.
Umberto Ecco, La mystérieuse flamme de la Reine Loana
« Yambo sort d'un coma en n'ayant plus aucune mémoire affective. Qui est-il ? Il a tout oublié de sa famille, son métier, son passé, ses amis, son enfance, des femmes qu'il a aimées... Par son médecin traitant, Paola, son épouse, son ami, Amalia, gardienne d'une maison de campagne immense au grenier chargé de secrets, il apprend qui il est. Comme dans un jeu de piste, sa mémoire n'est d'abord que le souvenir des choses lues. Il retrouve ensuite, grâce à une mystérieuse flamme qui le parcourt quand il touche au plus profond de sa vie passée, quelques étapes de son itinéraire de jeune garçon à l'époque de Mussolini. Un deuxième accident dû à une trop forte émotion le replonge dans le coma. Et là, à l'insu de tous, Yambo se souvient… »
Cela paraissait intéressant, non ? Et bien, non, ça ne l’était pas !Ca paraissait être un roman d’aventure, d’autant plus que la chose est illustrée…. Mais quel ennui ! Un catalogue en somme, peut-être faut-il être psychologue pour l’aimer, je ne dois pas l’être assez. C’était assommant !
Deux livres d’Henning Mankell,
Comedia infantil
le fils du vent
Comedia infantil
Un auteur que j’aime, mais certainement pas le livre que j’aime le plus de lui. Mais ce texte porte les mêmes interrogations posées dans ses romans policiers : pour quelle raison la barbarie porte-elle toujours un visage humain ? Comment l’homme peut-il être capable d’autant d’ignominies ? Comment remédier à la souffrance inutile dans le monde ?
Le fils du vent
1875 :Hans Bengler, jeune amateur de collection d'insectes arrive en Afrique australe dans le désert du Kalahari pour rechercher un spécimen rare. En fait ce qu'il découvre c'est un jeune noir orphelin, il décide de le ramener avec lui en Suède pour prouver à ces compatriotes (dits civilisés) qu'il existe bien des races à peau noire. Il l’appelle Daniel, mais Daniel veut seulement revenir chez lui. Il se plie cependant à la volonté de son protecteur obligé.Il va réussir en emmenant Sanna, une attardée mentale.
Mankell «est « en colère quand (il) entend comment on parle de l’Afrique. On sait tout de la manière dont les Africains meurent, et rien de la manière dont ils vivent ! Il est temps que l’Afrique envahisse l’Europe avec ses histoires, comme l’a fait l’Amérique latine dans les années 1960. »
C’est ce qu’il tente de faire faire à l’Afrique dans ces deux romans, et c’est plutôt réussi.Ce ne sont pourtant pas mes romans préférés. Sur la question de comment l’Afrique arrive ne Suède, je préfère Tea-Bag. Et le dernier, que je viens de terminer (en anglais). Cela prend un peu plus de temps !
A thousand splendid suns (Milles soleils splendides) de Khaled Hosseini
http://fr.wikipedia.org/wiki/Khaled_Hosseini
Le titre du livre, tiré d'un poème persan. Le titre est beau, le livre est d’une tristesse terrible. Laila et Mariam sont femmes en Afghanistan, pas de chance, mais alors pas de bol ! Ces deux destins croisés qui se rencontrent par un homme qu’on a du mal à appeler homme et qui pourtant l’est. Se mélangent leur destin et celui du pays.Et au travers de ce roman, on saisit mieux l’Histoire, un peu mieux. Pour le style, on repassera. Ca ressemble à un bon scénario de film. Et on a parfois envie de dire stop aux images des coups qui pleuvent tout au long du roman. On pourrait se dire que c’est trop caricatural, si ce n’est que…. La caricature ici est réalité là-bas.
Si vous vous demandez ce que je lis, et bien…
L’éléphant s’évapore de Haruki Murakami !!