Billet de blog 29 octobre 2013

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Empire du goûtL'acte fondateur et le recommencement de la vie

Cet acte premier, je l'appelle "conversion". Il n'est ni une fusion mystique avec un dieu, ni le ralliement à une dogmatique. Il n'est pas religieux, il est humain et réflexif.

Plus précieusement, il est une rupture intérieure avec les anciennes convictions, cette rupture étant un renversement, une inversion des attitudes ordinaires de la pensée. cette conversion préalable, œuvre de Désir et de la réflexion, est destinée à instaurer le tout-autre. C'est à dire une toute autre façon de vivre et de penser que la façon choisie spontanément par l’individu, trop souvent aveugle dans le déploiement de son Désir. Il s'agit au contraire de vivre "autrement", c'est à dire de vivre le tout-autre.

On peut préciser la nature de cet acte subversif qu'est une conversion réflexive. D'abord, le sujet se redouble et se retourne sur lui-même. Non pas déjà pour "se connaître", mais pour prendre explicitement conscience de son propre pouvoir : il s'avise alors du fait qu'il est une conscience déjà libre et créatrice de sens et de valeurs, ceux-ci  devenant pertinents que par une réflexion. Cette capacité est un pouvoir, un pouvoir de création et de re-création. Les situations et leurs contraintes proviennent des sujets eux-mêmes et de leur regard. Sachant cela, le sujet passe de la passivité à l'autonomie. Ensuite, on renverse l'attitude à l'égard d'autrui. Au lieu de le considérer comme un objet, comme un outil éventuel, on le considère comme ce qu'il est : un sujet, un Désir qui est son propre centre. On passe de la réversibilité en miroir ( je donne si tu donnes, je frappe si tu frappes) à la réciprocité vraie (je donne sans rien calculer et je me réjouis de recevoir un don sans calcul). Cette réciprocité est la seule véritable reconnaissance. Enfin, on renverse l'attitude générale à l'égard de l'existence : au lieu de la considérer comme un fardeau destiné à la souffrance et à la mort, on la considère au contraire comme une chance destinée à la jouissance et à la joie. On se détourne de la pensée tragique vouée à l'échec et à la mort, et l'on s'ouvre à une pensée créatrice vouée à l'accomplissement de soi et des autres.

  On le voit, cette conversion comporte trois moments réflexifs et "renversants" : le sujet pose d'abord qu'il est son propre fondement et affirme ainsi son autonomie ; il pose ensuite qu'il en va de même pour l'autre et que seule la réciprocité est libératrice ; il pose enfin que la vocation du Désir est son propre accomplissement, c'est à dire la jouissance de la vie et du monde et non pas la "médiation de la mort".

C'est en référence à une telle conversion, posant le pouvoir du sujet, que l'on peut répondre à notre première question : oui, l'accomplissement du Désir est par nature à la portée du sujet. Reste la deuxième question qui est celle de la nature du bonheur : l'éthique de la joie répond en proposant quelques contenus.

Source : Robert Misrahi "Pour une éthique réfléchie du plaisir et de la joie" cité par Michel Onfray "Manifeste Hédoniste" pages 81-83

Qui est philosophe* ? « Et le vieil homme de préciser : certainement pas l’universitaire qui triture des concepts, trie des notions et rédige des sommes indigestes pour obscurcir le propos de l’auteur analysé. Pas plus le technicien, fût-il brillant ou virtuose, quand il sacrifie aux rhétoriques nébuleuses et absconses. Le philosophe, c’est celui qui, dans la simplicité, voire le dénuement, met de la pensée dans sa vie et sa vie dans sa pensée. Il tisse de solides liens entre sa propre existence et sa réflexion, sa théorie et sa pratique. Pas de sagesse sans implications concrètes de cette imbrication.

Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/vivre-est-un-village/050910/le-volontarisme-esthetique

*Fernando Savater, Ensayo sobre Cioran, lettre préface de Cioran, éd. Taurus, traduction de Michel Onfray

La politique que je propose suppose ce que je nomme le principe de Gulliver : chacun connaît l'histoire de Swift qui montre comment un géant peut être entravé par des Lilliputiens si et seulement si le lien d'une seule de ces petites créatures se trouve associé à une multiplicité d'autres attaches. Le comportement de Guliver illustre à ravir la leçon de La Boétie : "Soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libres." La domination n'existe que par le consentement de ceux qui l'acceptent. Si l'on refuse l'assujettissement, et que l'on est assez nombreux pour cela (leçon de l'association d'égoïstes de Stirner...), alors le pouvoir s'effondre de lui-même, car il ne tient sa force que de notre faiblesse, il n'a de puissance que de notre soumission.

Concrètement, il s'agit, d'une part, de na pas créer les microfascismes du genre assujettissements, dominations, sujétions, dépendances, servitudes, pouvoirs, d'autre part de ne pas y consentir. Car la logique domination/servitude n'existe que par la volonté de ceux qui dominent et par l'absence de refus de ceux qui subissent cet empire. Chaque microfascisme se désintègre par une microrésistance.

Source : Michel Onfray "Manifeste hédoniste" chapitre 7 politique page 62 collection j'ai lu ISBN : 978-2-290-05452-9

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