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L'histoire commence en 2010. Parce que j'avais installé dans mon jardin un totem de bric et de broc représentant un couple d'amants enlacés, j'avais décidé de consacrer tout mon temps à l'écriture d'une histoire d'amour intemporelle. J'imaginais que je pourrais répondre à cette question insoluble : "pourquoi aime-ton ?" J'ai observé mes amants en les couchant sur le papier.
A force d'observance, j'ai cru trouver un principe d'éternité : là se tenait une figure maternelle, porteuse de multitudes…

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Mais cela ne me suffisait pas. A l'époque, on ne parlait pas encore du mariage pour tous et la PMA était carrément un tabou. Alors me venait une autre question : "pourquoi Paul aime-t-il Pierre ?" Il me fallait fouiller encore et je mis René Char et quelques autres à contribution.
La réponse est venue : l'absolue nécessité du langage pour que tout dure.

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J'achevais là le livre des Errances.
La question du langage était posée et il fallait que je la creuse. Une chose était sûre : sans le langage, nous étions voués à une disparition définitive.

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Je pressentais un terrible combat : Eros et Thanatos en ordre de bataille.

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Je partis au temps d'avant l'écriture, d'avant l'histoire.
Point de paix mais des conflits à tout va, des femmes arrachées à leur clan, des totems multipliés comme autant d'étendards à brandir au combat.
Et je vis s'effacer toute une humanité. Néandertal n'était plus et en dépit des doutes scientifiques, je m'inquiétais : et si la tentation génocidaire était en nous, ancrée, indéfectible ?
C'est alors que je me suis souvenue de Char, de Celan, de Neruda et de tous les autres. J'en acquis une conviction : nous n'avons qu'une seule arme contre nous-mêmes, la vigilance. Et cette vigilance est d'abord poétique.
La poésie, résolument : elle est chair et Verbe, Eros et Thanatos suspendus, s'aimant encore.
Après avoir achevé PreScriptum, je changeais de nom et je devins ARySQUE. Pendant près de deux ans, j'ai scruté l'actu et publié ici mes états d'âme et mes doutes… jusqu'à l'écœurement.
Alors je suis retournée sur le terrain le plus doux, le plus violent, le seul qui porte encore espoir : Loveland. Mais c'est une autre histoire…

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