Les années lumières

C'était en mars. Ça faisait un bout de temps qu'en équilibre, sur un fil de Médiapart, on voyageait.

D'Alaska à Ramallah, d'Arkansas à Mahabad, c'est là, hasardant parfois d'hallucinant zig-zags de Zanzibar aux horizons zoulous. On s'emparait de tout sans rien prendre au comptant, on s'amusait et notre patache avait vraiment du panache.
En même temps, à l'Assemblée nationale, ça charclait pour le Graal. On se dévoyait pour un voile, on s'enrôlait pour L'Oréal, on s'étripait sur l'hôpital. On avait mis l'hallal à l'étal, ça amalgamait grave ; ça finirait mal. Et voilà pas, ça canardait à Montauban.


Nous on levait les yeux au ciel. C'est d'ailleurs comme ça qu'on les a vues, toutes les deux. Elles étaient là, le soir, comme des yeux par-dessus les toits. Où qu'on était, elles nous trouvaient. Peut-être qu'elles parlaient. De nous. Enfin j'espère pas. De toutes façons, trop doucement pour qu'on les entende, tellement loin qu'elles étaient.