Suite au versement d’une subvention de 3000€ par Lamballe Communauté aux agriculteurs, une prime qui s’ajoute aux multiples aides et prêts déjà accordés par le Département et l’Europe (PAC) ; SAUVEGARDE DU PENTHIEVRE association pour la reconquête de l'eau, de l'air, de la terre, adresse une lettre argumentée au Président de Lamballe Communauté. Un courrier qui conteste cette permanente perfusion financière opérée par la collectivité, pour un secteur d’activité productiviste malade et en crise depuis de nombreuses années. André Ollivro, Président de l’association alerte sur l’entêtement à vouloir sauver un mode de production agricole qui met en faillite autant les hommes qu’il nuit à son environnement, et milite pour une démarche volontariste de reconversion de l’agriculture, pour assurer l’avenir et de restaurer au plus vite la qualité environnementale de la région. L’urgence Sauvegarde et le bon sens paysan !
SAUVEGARDE DU PENTHIEVRE
À Monsieur le Président
Lamballe Communauté
Rue Saint Martin
22400 Lamballe
Monsieur le Président,
Je tiens à vous remercier de nous avoir reçus au sujet de la décision prise par Lamballe-Communauté de verser une subvention de 3.000 € aux agriculteurs. Nous avons compris que cette décision, qui s’inscrit au titre des aides aux entreprises, était prise en concertation avec les Communautés de Communes voisines.
Cette subvention s’ajoute donc aux diverses aides et prêts accordés aux agriculteurs, tant par le Département, que par l’Europe dans le cadre de la PAC.
Vous nous avez indiqué que cette subvention serait accordée pour des projets respectant notamment les prescriptions du SAGE de la Baie de St-Brieuc et le Plan Algues Vertes, sans distinction de mode de production.
Nous avons bien conscience que l’économie de notre région repose sur les activités agro-alimentaires dont les agriculteurs sont le premier maillon. Cependant, le type de production intensive qui s’y est développé : élevages de porcs sur caillebotis, ateliers bovins en stabulation, culture généralisée du maïs, apports massifs d’engrais azotés, a de graves incidences, tant sur la santé publique et l’environnement que sur le tissu social. La forte concentration d’ammoniaque dans l’air que nous respirons et provenant des élevages industriels, de même que les pesticides dispersés dans l’atmosphère, atteignent la population. Il est unanimement reconnu que 95 % des nitrates générant les marées vertes, sont d’origine agricole. L’hydrogène sulfuré émanant des algues vertes en décomposition s’est révélé mortel à plusieurs reprises. Le domaine social n’est pas épargné, avec la disparition des petites exploitations, les regroupements en grandes unités au capital intransmissible, la diminution constante de l’emploi agricole et celui lié au traitement de la viande.
Vouloir maintenir et développer l’emploi sans remettre en cause ce type de production est suicidaire et entretient la population dans l’illusion de la sécurité de l’emploi. L’exemple de l’Entreprise Doux devrait faire réfléchir nos élus. Alors que vous nous avez déclaré faire une analyse globale de la situation, vouloir vous baser sur l’exportation de viande de porc, notamment vers la Chine, pour pérenniser l’élevage industriel et les abattoirs de notre région, révèle un constat erroné de l’économie mondiale où le libéralisme qu’ainsi vous soutenez, n’est mû que par le profit immédiat, sans souci des hommes et de la nature.
Qualifier de « minerai » les porcs abattus dans nos entreprises, comme vous l’avez fait publiquement, constitue une référence malheureuse mais combien éloquente à la situation économique du Nord de la France. C’est en même temps un aveu : les ressources planétaires ne sont pas inépuisables, alors que le fer de lance de notre activité locale est fort consommatrice de matières premières importées. A titre d’exemple : il faut neuf kilos de protéines végétales pour produire un kilo de protéines de porcs ; d’autre part, un kilo de viande de porc nécessite cinq mille litres d’eau.
Le type d’agriculture, et donc d’alimentation, que vous soutenez prioritairement a de graves conséquences sur l’avenir de notre planète, et il est affligeant de voir que nos élus politiques, inféodés au lobby agro-alimentaire, restent sourds aux mises en garde et dénonciations répétées de la communauté scientifique.
Vous n’êtes pas sans savoir que la Cour des Comptes a relevé que les énormes sommes engagées depuis des années pour la reconquête de la qualité de l’eau en Bretagne, n’ont pas amélioré la situation. Lamballe-Communauté elle-même y a contribué de façon conséquente sans que la qualité des eaux brutes du Gouessant se soit notablement améliorée, et nous sommes disposés à examiner avec vous, les résultats d’analyses. D’autre part, dans les arrêts des 1/12/2009 et 22/03/2013, la Cour Administrative d’Appel de Nantes a rappelé que la France ne respecte pas les directives européennes concernant l’arrêt des pollutions par les nitrates en Bretagne.
En outre, les observateurs remarquent que les récents contrats de baie, dont celui de la baie de Saint-Brieuc auquel vous vous référez pour accorder votre subvention, ne permettront pas le retour à une teneur maximum de 10 mg/l de nitrates dans les eaux brutes superficielles, permettant d’éradiquer les marées vertes - taux fixé par le Comité Scientifique Régional.
Nous sommes favorables aux aides destinées à promouvoir et soutenir une agriculture respectant la santé et la biodiversité, et en même temps créatrice d’emplois. Il est reconnu que la production agricole biologique est la moins coûteuse pour la collectivité ; aussi, nous nous opposons à ce que la subvention que vous avez votée soit attribuée pour d’autres types d’agriculture, et nous le ferons savoir. Il est inadmissible que l’argent des contribuables soit utilisé pour soutenir des activités agricoles générant des nuisances pour, ensuite, financer des actions visant à les réduire.
Nous souhaitons que les élus de Lamballe-Communauté s’engagent dans une démarche volontariste de reconversion des modes de production agricole, et ce, pour assurer l’avenir de notre région, et restaurer la qualité environnementale.
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir leur communiquer cette lettre.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments distingués.
Le président, André Ollivro.
SAUVEGARDE DU PENTHIEVRE
Association pour la reconquête de l'eau, de l'air, de la terre
Siège social : 22120 Mairie de Pommeret
Adresse postale : 11 rue du stade 22120 Pommeret
www. Sauvegarde-du-penthievre.fr
tel : 02 96 51 10 08 - 06 81 31 29 00
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L'Etat condamné !
Pour aller plus loin, interview d'André Ollivro, suite à la condamnation de l'Etat dans l'affaire des algues vertes
http://journal.ccas.fr/notre-travail-dans-laffaire-des-algues-vertes-a-porte-ses-fruits
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