Nappes
Un après-midi d'été le ciel soudain s'obscurcit.
L'air n'est plus transparent, les ombres se densifient, un cylindre étrange se dessine à l'horizon et se dilate seconde après seconde.
Comme guidée par le val, une tornade approche.
Sur cette île, elle n'a pas peur,
ni du chaos, ni de l'abandon, ni même de l'ineffable étreinte.
La tornade suit la trajectoire que lui propose la nature et, contre toute attente, traverse le fleuve en amont, dans un profond silence.
Tout est dévasté sur son étroit passage, des caravanes retournées, les arbres déracinés, les toits des granges éventrés.
Une nappe de brume pourpre accueillit le bal des rescapés.
Perché sur une branche, un étourneau sansonnet chanta.
Ses pensées vagabondaient à l'orée du monde.
Elle se gardait, soigneusement, de sombrer dans la raison.