L'écologie politique vit un de ces jours d'agitation où la fine fleur du monde politico-médiatique en fait des tonnes sur des péripéties de la vie d'un mouvement politique où le droit à exprimer son point de vue ne saurait être contesté à quiconque. Ce qui a provoqué cette tempête médiatique sont les dernières interventions d'Eva Joly et les réactions que cela a suscité.
Notons au passage que tous ces commentateurs entretiennent la confusion entre pouvoir législatif et pouvoir exécutif et de fait aux élections qui amènent à ces 2 formes de pouvoir. En quoi un accord sur les élections législatives devraient amener un-e candidat-e à ne pas exprimer des divergences avec un autre candidat aux présidentielles?
Eva Joly a donc exprimé hier soir sur France 2 son choc devant le fait que le PS a tenté de retirer un paragraphe de l'accord PS / EELV suite à l'intervention d'une entreprise. Ce sont des faits qui n'ont nullement été cachés. Areva et le PS n'ont aucunement caché cette façon de faire. EELV a fait le nécessaire pour que ce paragraphe soit réintroduit dans l'accord. Il est évident que ceux qui sont condamnables sont cette affaire sont à chercher du côté d'Areva et du PS, et aucunement du côté d'EELV et de sa candidate aux présidentielles, Eva Joly.
Ce qui a fini de mettre le feu aux poudres est l'interview d'Eva sur RTL ce matin. Contrairement à ce qui fut relayé par les médias tout au long de la journée, Eva Joly n'a pas dit qu'elle n'appelerait pas à voter Hollande au 2nd tour de la présidentielle, elle a simplement refusé de répondre à la question en rétorquant: "est-ce que vous poseriez à cette question à François Hollande?". Elle a d'ailleurs mis les choses au point dans le courant de la journée.
Cette non réponse, visant à refuser d'entrer dans le jeu des commentateurs pour qui le 1er tour est joué, a donc été repris par le monde médiatico-politique et interprétée comme un non. Malheureusement, un certain nombre de figures de l'écologie politique se sont laissés prendre à ce petit jeu. La palme de la réaction la plus étonnante revient néanmoins à Jean-Marc Ayrault qui demande si Eva Joly est indépendante. Ben oui, M. Ayrault, et c'est la moindre des choses. Et c'est d'autant plus étonnant de la part d'un soutien de François Hollande, ce dernier ne se gênant pas pour manifester son indépendance vis-à-vis des positions de son propre parti. Ce qui est applicable à François Hollande ne serait pas applicable à Eva Joly?
Bien sur, les réactions de DCB ou de Mamère peuvent laisser penser à un désaveu d'Eva Joly, mais celles-ci sont largement compensées par de nombreux soutiens, qui comme par hasard, ne sont guère relayées par les médias. Il en est ainsi dans l'écologie politique: figures médiatiques comme militants ne sont pas le doigt sur la couture du pantalon et réagissent comme ils l'entendent. Est-ce si critiquable?
Reste le cas Jadot. Au-delà d'une maladresse incroyable de lui-même faire fuiter sa démission, il explique sur Facebook aujourd'hui qu'il ne souhaite pas quitter l'équipe de campagne mais simplement quitter le poste de porte-parole. Nous sommes quand même loin du désaveu d'Eva Joly.
Alors franchement, dans le fond, une petite journée d'agitation médiatique comme il y en aura d'autres. Comme l'a dit une commentatrice sur un autre fil, les décrypteurs tentent vainement de décrytper les propos d'Eva tant ceux-ci sont clairs.