Billet de blog 7 novembre 2014

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Incorrigiblement communiste, Henri Malberg

Les éditions de l’atelier, 2014Par Elias Duparc

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Par Elias Duparc

Illustration 1

Dans cet entretien au titre offensif et promis à un certain succès, Henri Malberg ressaisit une vie d’engagement au Parti communiste. L’ancien dirigeant de la fédération de Paris discute avec deux jeunes journalistes aux questions sans complaisance. S’adressant au tout-venant, l’échange revient à la racine d’un engagement au PCF sans faire l’impasse sur les traditionnelles objections : le communisme n’est-il pas oblitéré par l’histoire ? N’est-il pas périmé ? N’est-il pas utopique ? N’est-il pas définitivement minoritaire, et le parti réduit à peau de chagrin ? Henri Malberg répond sans coup férir, toujours soucieux de tenir joints les deux rênes de son militantisme : fidélité et ouverture — « poing levé et main tendue ». Parmi les nombreux développements passionnants du livre, un bilan politique de l’histoire de l’Union soviétique – sujet piège et redouté auquel l’auteur se confronte sans fard : « Contrairement aux fantasmes des uns et aux illusions des autres – et j’en suis –, il n’y avait plus en Union soviétique depuis longtemps de Parti communiste. C’est-à-dire un corps vivant et démocratique de personnes engagées dans la vie politique et sociale ayant du pouvoir sur ceux qui dirigent. » L’occasion de revenir sur l’histoire complexe du Parti sans faire l’impasse sur l’analyse de son actuel « affaiblissement », que l’auteur estime temporaire. C’est justement cette faiblesse qui autorise l’adversaire à porter tous les coups. « Un parti socialiste trop dominant est vite mangé et digéré par les pressions du capitalisme ». À l’heure où l’extrême droite et l’abstention prospèrent sur le mécontentement et où les discours anti-partis reviennent contaminer la gauche, Henri Malberg réhabilite l’engagement militant. « La hantise de l’oligarchie financière et des petites équipes dominantes est que le peuple se remette à faire de la politique à haute dose. « Ne vous mêlez pas de politique », dit l’idéologie dominante. « C’est sale, répugnant, corrompu. » Haro sur les partis politiques. » On ne sera pas surpris que l’auteur en appelle au contraire à la lutte pour « donner et redonner leurs lettres de noblesse à la politique, au combat politique, et aux partis ». Témoignage lucide mais confiant, tournant le dos à l’auto-dénigrement qui prévaut parfois dans ce type d’exercice, Incorrigiblement communiste  est une lecture nécessaire dans la séquence qui s’ouvre.

La Revue du projet, n° 40, octobre 2014

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