Agrandissement : Illustration 1
Il fallait oser ! Le secrétariat général de l’enseignement catholique réclame aux collectivités locales une somme de 900 millions d’euros ! Cette revendication ahurissante figure dans une étude de la Fédération Nationale des Organismes de Gestion de l’Enseignement Catholique, produite le 19 novembre alors que se déroule le Salon des maires.
La loi sur les rapports entre l'Etat et les établissements d'enseignement privés de 1959, dite loi Debré, a été contestée par une pétition rassemblant plus de onze millions de signatures posant le principe « À école publique, fonds publics, à école privée, fonds privés ». Non seulement cette violation manifeste du principe laïque perdure, mais elle s’aggrave. Alors que Michel Debré lui-même avait dénoncé comme une « chimère dangereuse l'association de droit public de tous les établissements privés, la constitution d'une sorte d'université nationale concurrente », un secrétariat général de l’enseignement catholique s’est organisé. Avec un équivalent dans l’enseignement privé juif et un échec, à ce jour, pour l’enseignement privé musulman.
Largement majoritaire, ce réseau d’établissements d’enseignements privés catholiques a su trouver les appuis politiques pour obtenir un financement sans cesse accru et multiplier les avantages acquis bien au-delà des dispositions de la loi Debré. La publication des IPS (indices de position sociale) en octobre 2022, le rapport de la Cour des comptes en juin 2023 et le rapport de l’Assemblée nationale en avril 2024 décrivent le séparatisme social à l’œuvre dans ce réseau. Le sondage Ifop commandé par le Comité National d’Action Laïque le 12 novembre fait apparaître que 62 % des Français soutiennent le principe d’un enseignement privé. Nous ne remettons pas en cause ce principe. Mais seuls 28 % des parents jugent normal que l’État finance l’enseignement privé, une proportion en forte chute depuis 1983 (-25 points). C’est ce financement que nous contestons, et bien plus encore cette nouvelle tentative de l’augmenter.
Comble de cynisme, le secrétaire général de l’enseignement catholique déclare : « Dans un contexte de baisse démographique, le risque est qu'on cherche à fermer nos écoles pour permettre à l'école publique de se maintenir ».
A l’opposé de ces conceptions, garantir l’égalité des droits et former des citoyens éclairés et responsables implique un soutien prioritaire en direction de l’école publique.
La Ligue de l’enseignement, comme toutes les organisations héritières du mouvement laïque, réaffirme avec énergie la primauté de l’enseignement public, l’École de la République,parce qu’elle est une condition essentielle de la construction d’une société de semblable, solidaire et fraternelle.