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Billet de blog 1 décembre 2025

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La Ligue de l’enseignement de 1958 à nos jours

Anne Lancien a soutenu une thèse de doctorat sur « La Ligue de l’enseignement – mutations d’une institution d’éducation populaire (1958-2018) » en 2019. Cette thèse revue vient d'être publiée chez Classiques Garnie.

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Illustration 1

"La Ligue de l’enseignement de 1958 à nos jours Mutations d’une institution d’éducation populaire", la thèse de Anne Lancien sous la direction de Philippe Portier est disponible grâce aux Editions Classiques Garnier. Cet ouvrage s'impose comme une référence pour les personnes engagées dans l'éducation populaire comme dans le mouvement laïque. Les Classiques Garnier en proposent une présentation en ligne en mettant en accès livre la première page de chaque chapitre

Illustration 2
Anne Lancien

Voici comment Anne Lancien présente son travail: 
Cette thèse porte sur la Ligue de l’enseignement, confédération associative d’éducation populaire, mouvement laïque et républicain né à la fin du XIXe siècle. Axé plus spécifiquement sur la période courant de 1958 à 2018, ce travail vise à étudier les mutations opérées par l’organisation dans un contexte d’incertitude, caractéristique du régime ordinaire de la modernité. Il s’agit d’articuler les transformations observées à l’échelle de la Ligue de l’enseignement à celles qui traversent plus globalement la société moderne : incertitude généralisée, perte de sens, déclin des idéologies, repli individualiste ou encore accélération du temps qui renforce le sentiment d’un monde qui nous échappe. Cette thèse vise à appréhender la Ligue de l’enseignement comme un observatoire des mutations qui touchent l’ensemble des structures porteuses de sens et des mouvements de masse de notre société. La méthode suivie est empirico-inductive. L’analyse se fonde sur l’étude des archives de l’organisation, comptes rendus de réunions statutaires, de commissions, de colloques, circulaires, publications, échanges épistolaires, etc. ainsi que sur un ensemble d’entretiens semi-directifs menés auprès des responsables nationaux de l’organisation, pour l’essentiel. L’étude de ce fonds d’archives, dans son intégralité et pour la période 1958-2018, est inédite. Aucun travail en sciences humaines et sociales n’a porté sur la Ligue, dans son intégralité, sous la Ve République. L’ouvrage de Jean-Paul Martin "La Ligue de l'enseignement Une histoire politique (1866-2016)", incontournable sur le sujet, adopte une approche historique qui se fonde sur des entretiens et l’étude des publications du mouvement pour la période 1958-2018.
Le plan adopté se décline en trois temps. Le premier porte sur la transformation des stratégies institutionnelles de la Ligue de l’enseignement. Il présente les évolutions opérées par l’organisation pour répondre aux mutations du champ politique, intégrant un soutien oscillant au socialisme et la transformation de ses rapports à la puissance publique. Il porte également sur les ajustements de la politique éducative du mouvement, face à la dépolitisation de l’éducation populaire et à la sécularisation de la question scolaire. Le deuxième axe concerne la refondation des principes doctrinaux, conséquence de la difficulté de défendre un socle axiologique fondé sur la laïcité au sein d’une société sécularisée. Cette partie évoque l’ouverture doctrinale de l’organisation, sa réponse aux nouvelles revendications identitaires, l’instauration d’une laïcité dite « plurielle ». La troisième partie développe enfin la reconfiguration des pratiques militantes, entre rationalisation organisationnelle, rénovation de la politique communicationnelle et expertise militante. Ce travail doctoral énonce plusieurs résultats : il met en lumière les profondes capacités d’adaptation des structures porteuses de sens de notre société, pourtant particulièrement déstabilisées par les mutations nées de la modernité avancée. Il montre en outre que les organisations de masses sont porteuses de propositions axiologiques innovantes, de projets qui œuvrent à la consolidation et à la diffusion des principes républicains, qui favorisent l’émergence et le renforcement d’un socle commun indispensable au devenir de nos sociétés, particulièrement dans un contexte de « crise » de la démocratie. Notre analyse suggère enfin une nécessaire reconnaissance accrue du rôle des corps intermédiaires comme médiateurs entre pouvoir politique et société civile. Ils doivent bénéficier d’une légitimation renforcée, tant du décideur politique que des citoyens, afin d’assurer leur fonction de solidarité, lien social qui tend à s’effacer face à l’individualisme exacerbé de la modernité avancée, afin d’être porteur d’une ré-invention politique et sociale face à un modèle qui tend à s’essouffler.  

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