Comment transmettre la laïcité ?

Promouvoir la laïcité (en milieu hostile), avec Stéphane Aurousseau.

« La pédagogie de la laïcité n’est pas une matière froide ». Militant de l’éducation populaire, notamment au sein de la Ligue de l’enseignement, Stéphane Aurousseau nous invite à un voyage dans la réalité quotidienne des établissements scolaires. Dans son livre « Promouvoir la laïcité (en milieu hostile). Une notion indispensable pour lutter contre les discriminations » (Editions Double ponctuation),  il relate son parcours. Né dans une famille ouvrière de tradition communiste, il s’engage très jeune pour la justice sociale, milite à l l’extrême gauche tout en assumant son homosexualité. Il crée l’association Couleurs gaies et organise la première marche des fiertés LGBT de Lorraine. Aujourd’hui directeur d’une structure d’animation organisatrice d’accueil péri et extrascolaire, il crée plusieurs séquences pédagogiques contre les stéréotypes sexistes, la xénophobie et pour la laïcité. Cette dernière est l’objet de son livre.Les Cahiers pédagogiques ont consacré un article à son travail: « Laïcité : désamorcer les identités de combat »

En treize ans Stéphane Aurousseau rencontre et échange avec plus de 15.000 élèves. Il constate un retournement idéologique stupéfiant : la laïcité est souvent perçue comme un concept discriminant par un nombre non négligeable de jeunes. Dans certains établissements, c’est l’opinion dominante. Ancré dans une conception de la laïcité indissociable de la lutte contre le sexisme, le racisme et les LGBTphobies, il a peaufiné une méthode de transmission de la laïcité basée sur l’écoute des élèves, l’aide à leur réflexion sur leurs propres conceptions et le rappel simple et clair des fondements de la liberté de conscience pour chacune et chacun. Cet outil pédagogique est longuement présenté. Il est accompagné de conseils précis. Un groupe Facebook "Promouvoir la laïcité" https://www.facebook.com/groups/795614728513438 permet d’accéder gratuitement aux supports de la séquence pédagogique, d’échanger et de prendre contact avec Stéphane Aurousseau.

Laïcité, discriminations, racisme. Une enquête de cinq ans dans cent établissements scolaires

L’enquête Redisco (Religions, discriminations, racisme en milieu scolaire) s’inscrit dans les intiatives qui ont suivi les attentats islamistes de 2015 en France. Une équipe d’une dizaine d’enseignants-chercheurs français, brésiliens et suisses, soutenus par la DILCRAH et l’Institut français d’éducation de Lyon, s’est mobilisée pour étudier les situations ordinaires où se croisent les affirmations identitaires religieuses, les diverses racismes et les discriminations. Le recueil des données s’est déroulé durant près de cinq ans, dans plus de cent établissements du second degré publics et privés confessionnels sous contrat. Ces travaux de collecte et de réflexion sur les éléments collectés viennent de faire l’objet d’une publication : un dense volume publié aux Presses universitaires de Lyon intitulé « Laïcité, discriminations, racisme. Les professionnels de l’éducation à l’épreuve » sous la direction de Sébastien Urbanski, maître de conférences en sciences de l’éducation à Nantes, et Françoise Lantheaume, professeure des universités émerite en sciences de l’éducation. Une douzaine de contributions s’interrogent sur les conflits d’interprétation des données, les débats autour des catégorisations, l’intolérance religieuse au Brésil (surtout vis-à-vis des religions africaines), la situation dans le canton de Vaud en Suisse, l’expression des racismes et la présence des discriminations en milieu urbain et rural, les difficultés dans l’enseignement de l’histoire et des sciences… Trois textes traitent de ces thèmes dans l’enseignement privé : le traitement discret des situations difficiles, l’identité affirmée par ces établissements et le cas des établissements catholiques à La Réunion.

Le récit du commun. L’histoire nationale racontée par les élèves.

« Il ressort de notre enquête qu'un roman national très fort, beaucoup plus fort que ce qu'on imagine, demeure. Et cela, quel que soit l'âge, l'origine sociale ou géographique des élèves ». Cette phrase de Françoise Lantheaume pourra étonner. Comme elle s’étonne elle-même des résultats de l’enquête conçue par le laboratoire Education, cultures, politiques (ECP) de l’Université de Lyon qui a mobilisé les élèves autour d’une libre et personnelle rédaction de l’histoire de leur pays. Coordinatrice, avec Jocelyn Létourneau, de l'université Laval au Québec, du volume issus de ces travaux « Le récit du commun. L’histoire nationale racontée par les élèves » (Presses universitaires de Lyon), Françoise Lantheaume confirme dans un entretien donné au Café pédagogique : « Ce qui se dégage de ces récits, c'est que la France, qui a existé de tout temps sur le même territoire , depuis la Gaule, a connu beaucoup de guerres et de rois qui ont abusé. Face à eux, le peuple s'est révolté. Cela a abouti à la démocratie, comme une sorte de ''happy end ''de l'histoire ».  Ce constat est somme toute plutôt rassurant face à la concurrence des mémoires qui occupe beaucoup la scène politico-médiatique. Il s’appuie sur une enquête réalisée en 2011-2012 auprès de plus de 6600 élèves de 11 à 19 ans, Français, mais aussi Allemands, Suisses et Catalans. Elle montre une sorte de « fabrication du commun par le bas » tendant vers une reconnaissance mutuelle grâce à un passé approprié par tous avec bien sûr des nuances, voire des oppositions. On note que parmi les personnages collectifs identifiés (groupes sociaux ou religieux), « le peuple » est nettement le premier évoqué…