Période de repos et de distraction, les vacances ne sont pas coupées de la société. Elles mettent même, parfois, en relief des questions que l’on pense généralement réservée au politique. C’est le cas de certaines revendications religieuses.
Prenons les manifestations actuelles les plus voyantes d’appartenance religieuse dans le cadre des vacances. Elles touchent à la nourriture et relèvent de l’islam. Selon le calendrier musulman, le mois de Ramadan se déroule du 11 août au 10 septembre 2010 du calendrier julien en vigueur en Europe et aux Amériques. Chacun le sait, durant ce mois les musulmans pratiquants observent un jeûne du lever au coucher du soleil. La demande de nourriture certifiée hallal existe aussi, de façon croissante sans qu’il faille pour autant en exagérer les proportions. Comment et dans quelle mesure peut-on intégrer ces interdits religieux dans des centres de vacances se définissant comme laïques ?
Il faut d’abord avoir en tête que la fréquentation des quelque
deux cent centres de vacances de
implique l’adhésion à une association. Cette association est dotée d’un projet éducatif mettant en avant un certain nombre de valeurs au premier rang

desquelles se trouve la laïcité. Et une association peut définir des critères légitimes d’adhésion. D’autre part les entreprises illustrant statutairement une identité et des valeurs – toujours la laïcité- sont reconnues, notamment par la Halde, comme des « entreprises de tendance ». Cela autorise les entreprises en question à demander à ses salariés de ne pas s’opposer ostensiblement à ces valeurs.
Par ailleurs notre histoire est instructive. On se souvient que les moniteurs accompagnaient les enfants catholiques pratiquants à la messe du dimanche matin. Le poisson était devenu traditionnel le vendredi, sans pour autant intégrer officiellement une prescription religieuse. En revanche, il aurait été inimaginable de répondre favorablement, par exemple, à une demande d’aumônerie sur le modèle d’autres lieux clos (internats, armée, etc …). Une limite avait été implicitement définie, ne remettant pas en cause l’identité laïque du lieu tout en accueillant largement les enfants de familles croyantes.
Que faisons-nous aujourd’hui ? Nous avons des demandes émanant généralement (mais pas seulement) de familles musulmanes. Et des pratiques –officieuses- se sont instaurées. Il est possible de se restaurer sans manger de porc grâce à des plats de substitution. En revanche, la prise en compte du jeûne lors du mois de Ramadan entraînerait des modifications lourdes. Il faudrait, au minimum, organiser des repas avant et après le coucher du soleil, et prévoir des activités physiques pas trop éprouvantes. De même, nos services de restauration ne sauraient s’engager à fournir des menus entièrement casher ou hallal… ce qui impliquerait des fournisseurs (dont certains sont contestés) et parfois des batteries de cuisine spécifiques. Là aussi une limite implicite a été définie par des pratiques. Mais aujourd’hui, il est impératif que cette limite devienne explicite, en particulier dans notre projet éducatif.
Pour en savoir plus sur le site laïcité de la Ligue de l'enseignement